Des souris génétiquement modifiées vieillissent moins vite
Une équipe américaine de la Clinique Mayo, aux Etats-Unis, associée à un centre de recherche universitaire des Pays-Bas, vient de publier des travaux étonnants. En réussissant à débarrasser des souris de leurs "vieilles" cellules, les chercheurs ont freiné l’apparition de maladies liées au grand âge.
"Les souris traitées ont développé une cataracte plus tard que les souris non traitées", constatent les chercheurs dans leur étude publiée le 2 novembre 2011, dans la revue Nature. Elles ont aussi moins perdu de masse musculaire que les autres et surtout conservé des capacités physiques bien supérieures, tant sur la durée d’exercice physique que sur la distance parcourue, par exemple. Enfin, leur peau a également été mieux préservée.
La cataracte retardée
Comment ces souris ont-elles échappé au poids des décennies ? Grâce à une manipulation génétique très complexe qui a permis de leur éviter l’apparition et la multiplication des plus vieilles cellules de l’organisme, dites "sénescentes". Ces cellules existent aussi chez l’homme, à l’approche du centenaire. Elles arrêtent d’elles-mêmes de se diviser en constatant qu’elles sont trop abîmées. Et cette dernière recherche montre surtout qu’elles ont un effet négatif autour d’elles. En première ligne : les tissus où elles s’accumulent particulièrement, comme les muscles squelettiques qui assurent nos mouvements, les yeux ou la graisse sous-cutanée (directement liée à l’apparition des rides). Car le système immunitaire n’arrive pas à toutes les supprimer.
Plus musclées et moins ridées
Allégées de ces cellules "séniles", les souris modifiées ont donc vécu plus longtemps, sans certaines maladies classiquement associées au vieillissement et avec une meilleure peau... c’est-à-dire, moins "ridées". Cela a même fonctionné pour des souris déjà âgées, avec un traitement initié après l’apparition de cellules sénescentes et d’une cataracte, par exemple. Résultat, là encore, "la progression du déclin lié à l’âge est freinée", se réjouissent les chercheurs. C’est-à-dire que les souris n’ont pas retrouvé une vue parfaite, le processus n’est pas inversé, mais la fonte musculaire et la dégradation de la peau liées aux décennies se sont ralenties.
Ce dernier point suscite bien sûr des espoirs particulièrement importants. "Je n’avais jamais rien vu de tel", a déclaré l'un des auteurs de l’étude, le Dr James Kirkland, lors de la présentation. Et son confrère, le Dr Jan van Deursen, a confié à la BBC l’émotion de toute l’équipe : "Nous étions très surpris par ces effets très importants. Je suis très optimiste quant à l’impact de ces travaux. Personne ne veut vivre plus longtemps avec une mauvaise qualité de vie."
Il reste à trouver le moyen de transposer chez l’homme le procédé développé chez la souris…. Ou au moins à "stimuler le système immunitaire pour l’aider à éliminer les cellules sénescentes", conclut le Dr Deursen. "C’est peut-être tout ce dont il a besoin !"
Source : "Clearance of p16Ink4a-positive senescent cells delays ageing-associated disorders", Nature, 2 novembre 2011.
A avoir aussi :