Examen IRM : des délais d'attente toujours plus longs
Les délais d'attente pour passer une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) ne cessent de s'allonger en France depuis onze ans et les inégalités régionales se creusent, selon une enquête de l'association Imagerie Santé Avenir, publiée le 7 juillet 2014.
L'association Imagerie Santé Avenir (ISA), sorte d'observatoire de l'imagerie médicale française, rendait ce lundi 7 juillet 2014 les résultats de sa onzième étude annuelle CEMKA-Eval portant sur les délais d'attente pour obtenir un examen par Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), région par région. Des résultats que l'association qualifie sans ambages "d'alarmants".
"La pire année depuis onze ans"
Alors qu'il fallait attendre vingt-neuf jours pour obtenir une IRM "en urgence" en 2012 et 30,5 jours en 2013, le temps d'attente moyen grimpe encore cette année pour s'établir désormais à 37,7 jours. Soit la "pire année depuis onze ans", selon l'association. A l'échelle régionale, les résultats montrent une situation très contrastée selon le SIA, qui distribue les bons et les mauvais points.
Ainsi la région Nord-Pas-de-Calais, qui fait office depuis plusieurs années déjà de bonne élève, présente le taux d'équipement le plus élevé et un délai d'attente inférieur de plus de dix jours à la moyenne nationale (26,3 jours). Les régions Ile-de-France (IDF) et PACA limitent également les dégâts avec un délai d'attente d'environ 30 jours. Mais l'IDF accuse toutefois une nette régression par rapport à l'an dernier, le temps de délais ayant augmenté de plus d'une semaine en un an. A l'opposé, quatre régions se caractérisent par des taux d'équipement régionaux très faibles (inférieurs à 7,5 IRM par million d'habitants) et des délais supérieurs à 50 jours : la Bourgogne, la Basse-Normandie, les Pays de la Loire et la Corse.
Des objectifs peu réalistes
Rappelons que le Plan Cancer 2014-2019 a pour ambition de ramener ce délai d'attente à 20 jours. Une objectif qui semble difficilement atteignable pour l'heure, et qui pourtant a été déjà été "revu à la baisse" par rapport au précédent plan qui espérait réduire la limite à 15 jours, voire même à 10 jours dans les régions à risque élevé de mortalité par cancer.
L'association ISA, qui réunit des professionnels de l'imagerie médicale et des responsables de l'industrie de l'imagerie, impute ces délais au sous-équipement de la France et estime que seul le doublement du nombre d'appareils pourra diminuer les délais d'attente. La France possède aujourd'hui 618 appareils à IRM contre 230 en 2003. Soit un taux d'équipement national de 10,7 IRM par million d'habitants, qui correspond à l'objectif figurant dans le précédent plan cancer pour 2011. Mais trois ans plus tard, ce taux serait déjà insuffisant pour combler les besoins qui selon l'association ne cessent d'augmenter, compte-tenu notamment de la démographie, du vieillissement de la population, et du nombre d'indications de l'IRM qui ne cesse de s'étendre.
Des indications médicales en hausse
"En cancérologie, l'imagerie, et plus particulièrement l'IRM, sont indiquées dans le bilan initial puis tout au long de la maladie", rappelle à l'AFP le Pr Frank Boudghène, président de la Fédération de l'imagerie du cancer. "Avec 365.000 nouveaux cas de cancers par an et une file active de plus d'un million de patients sous traitement en France depuis moins de 5 ans, le nombre de machines est bien insuffisant pour répondre aux besoins", estime le spécialiste en radiologie qui précise qu'en Europe, le taux d'équipement moyen par millions d'habitants est deux fois plus élevé qu'en France.
Parallèlement aux plans Cancer, plusieurs grands plans de santé publique notamment contre les AVC ou la maladie d'Alzheimer augmentent les indications de l'IRM. Le guide de bon usage des examens d'imagerie, publié en 2013, rappelle toutefois que dans bien des situations, comme l'arthrose du genou, une IRM est encore trop souvent prescrite à mauvaise escient, engorgeant encore un peu plus les files d'attentes.
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