Hippocrate : l'internat de médecine fait son cinéma
Reda Kateb et Vincent Lacoste ont enfilé la blouse blanche pour "Hippocrate", le dernier film de Thomas Lilti. Son personnage principal, un jeune médecin en internat, explore la vie à l'hôpital et se retrouve confronté à ses responsabilités. Une histoire qui a séduit le jury du film francophone d'Angoulême qui lui a décerné le Valois d'or du meilleur long métrage. Sortie en salles le 3 septembre.
Les internes en médecine s'y reconnaîtront surement ! L'ambiance potache de la salle de garde, la première ponction, les fêtes débridées, la distribution des jours fériés... Une initiation en bonne et due forme pour Benjamin, jeune interne, qui intègre le service dirigé par son père pour son premier stage.
Chaude ambiance
Thomas Lilti, le réalisateur, a d'ailleurs attaché une attention particulière à reconstituer le plus fidèlement possible l'univers hospitalier. Loin des stéréotypes aseptisés des séries télévisées anglo-saxones où un bon hôpital ne saurait être habillé autrement que de murs blancs éclairés par des lumières bleutées, le réalisateur propose un hôpital chaleureux, aux murs bardés de gribouillages en tout genre.
C'est en connaisseur qu'il a pensé ces décors puisque le réalisateur est aussi médecin et effectue encore régulièrement des remplacements. "Les dessins sur les murs sont des vrais, ce sont ceux de l'hôpital Raymond-Poincaré. Seule la fresque de Jacques Gamblin (qui joue le père de Benjamin) a été rajoutée. Je crois qu'elle y est toujours !" raconte Thomas Lilti qui ne cache pas qu'Hippocrate comporte une part autobiographique importante. Ce n'est pas pour rien que le personnage principal s'appelle Benjamin, son deuxième prénom.
L'hôpital de Rothschild a quant à lui été reconstitué en studio, pour plus de commodités. Deux infirmières se sont prêtées au jeu et incarnent leur vrai rôle dans le film. Un souci du réalisme "peut-être parfois poussé à l'extrême au point d'agacer mes collègues", plaisante le réalisateur.
Lumière sur le statut des médecins étrangers
Mais Hippocrate, c'est aussi et surtout la relation qui se noue entre Benjamin et Abdel, un médecin algérien faisant fonction d'interne (FFI). "Comme leur diplôme n'est pas reconnu en France, les médecins étrangers ne peuvent pas exercer leur profession. Parce qu'il y a une pénurie de médecins, les hôpitaux font quand même appel à eux sans leur donner un vrai poste. Il y a une hypocrisie dans ce système."
Thomas Lilti a voulu leur "rendre hommage". "Les médecins étrangers ont été les premiers à m'enseigner leur savoir. Ils ont entre 35 et 45 ans et de la bouteille ! Eux sont là la nuit quand on est dans la galère." Le personnage d'Abdel est inspiré de l'un des médecins qui l'ont aidé au cours de son internat. L'un d'eux a d'ailleurs briffé Reda Kateb avant le tournage pour l'aider à rentrer dans la peau du personnage.
Culpabilité
En fil d'Ariane, l'erreur médicale. Tout au long du fil, Benjamin, couvert par l'hôpital, est rongé par la culpabilité.
"L'erreur est humaine, il y a toujours des erreurs dans une hôpital, bien qu'elles ne soient souvent pas aussi graves que dans le film. Mais si l'on reste impuni, que l'erreur n'est pas formulée, mais au contraire cachée, la culpabilité est encore plus grande. C'est ce qui m'a le plus fait souffrir pendant mon internat."
Cette comédie dramatique a déjà séduit le jury du film francophone d'Angoulême qui lui a décerné le Valois d'or du meilleur long métrage.
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