Jean-Christophe Parisot, premier handicapé nommé préfet
Tétraplégique, sous assistance respiratoire, Jean-Christophe Parisot vient d'être nommé préfet. Atteint d'une forme rare de myopathie, il est diplômé de Sciences-Po Paris. Candidat à la présidence de la République en 2002 et 2007, il travaille depuis en préfecture.
- Jean-Christophe Parisot dans "Le magazine de la santé", le 22 septembre 2011 -
Il ne peut bouger que son index gauche, qui lui permet de cliquer, pour écrire, sur un clavier virtuel. "Quand c'est trop long, je dicte", dit-il. Lorsqu'il arrive à son bureau de la préfecture de l'Hérault, à Montpellier, le premier geste de son accompagnateur est d'allumer le chauffage, sinon son doigt, endolori, ne peut plus bouger.
Ex-sous-préfet chargé de la cohésion sociale en Languedoc-Roussillon, Jean-Christophe Parisot a pris début mars 2012 ses fonctions de préfet hors cadre. Une nomination qu'il considère à la fois comme une "récompense" et un "encouragement": "je suis persuadé que la France a encore besoin de moi".
Ses nouvelles missions : "Travailler sur l'exclusion, notamment sur l'efficacité des différents dispositifs d'aides auprès des populations marginales", explique-t-il. En ajoutant : "je me déplace beaucoup sur le terrain, je ne veux pas être préfet parapheur".
Quatre assistants se relaient pour l'aider à se déplacer en fauteuil roulant, lui prodiguer des soins, le faire manger, l'habiller... Il tient à être toujours impeccable. "Chaque jour est un défi. Je dois croiser des impératifs professionnels, médicaux, familiaux... et faire en sorte que la journée soit belle", assure ce père de quatre enfants.
Atteint d'une forme rare de myopathie, sa vie a basculé enfant, lorsqu'il a progressivement perdu l'usage de ses bras, puis de ses jambes. Un "séisme" partagé avec ses deux soeurs, qui souffrent, par un hasard incroyable, de la même maladie. "Des médecins avaient prédit à ma mère que ses enfants ne seraient pas en mesure de lire une table de multiplication", relate-t-il. L'une de ses soeurs est aujourd'hui ingénieur, l'autre a repris des études d'avocat. "J'ai toujours vu mes parents se battre et refuser de nous mettre dans des centres spécialisés", dit Jean-Christophe Parisot, qui cite aussi son grand-père, mort en déportation, comme un "modèle d'héroïsme".
Premier handicapé diplômé de Sciences-Po
Pour contribuer à sa manière au "service public", il passe le concours de Sciences-Po Paris et devient le premier diplômé handicapé de la prestigieuse institution. "Ce jour-là, j'ai dit à ma fiancée : l'avenir nous attend", se souvient-il. Recruté par Gilles de Robien, alors maire d'Amiens, il devient son conseiller en communication politique. Brigitte Fouré, ex-adjointe de l'édile, parle de lui comme "quelqu'un investi d'une mission, pétri de profondes convictions". "Son opiniâtreté pourrait parfois passer pour de l'entêtement, mais il a le caractère combatif de ceux qui ne se laissent jamais abattre".
Fervent catholique, il devient à 35 ans, le plus jeune diacre permanent de France.
En 2002 et 2007, il est candidat à la présidence de la République, "sans illusion, mais pour prouver que des personnes handicapées pouvaient prendre des responsabilités". Il n'a pas oublié qu'en 2004, candidat aux sénatoriales, un député avait voulu le sortir de la salle de la préfecture à coup de pied parce qu'il ne supportait pas l'image qu'il renvoyait. Devenu en 2007 délégué au handicap au ministère de l'Education, il milite pour faciliter l'accès à l'enseignement des personnes handicapées.
Parce qu'il ne veut pas rester "Monsieur handicap", il postule pour devenir sous-préfet et est nommé dans le Lot, avec "700 personnes sous (sa) responsabilité", avant d'être envoyé à Montpellier. "Je pense que je peux être utile en suscitant un changement de mentalités", estime-t-il, tout en ayant conscience qu'il est plus facile d'être aimé "quand vous exercez l'autorité".
D'après AFP
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