L'haleine, une nouvelle ''carte d'identité'' médicale ?
Soufflez dans le ballon... pour réaliser un bilan médical complet. Des travaux réalisés par une équipe suisse démontrent que la proportion des différents composés chimiques transportés en grand nombre par l'haleine est suffisamment stable au cours du temps pour qu'une variation soit révélatrice d'un trouble médical.
Plus banal encore qu'un prélèvement d'urine, l'échantillonnage de l'haleine pourrait constituer dans un proche avenir un outil de suivi fiable de l'évolution de nombreuses affections. Car notre souffle ne porte pas que le souvenir de l'assaisonnement de notre dernier repas...
Une équipe suisse de l'Institut Fédéral de Technologie de Zurich a procédé à l'analyse régulière, sur une semaine, des différents éléments chimiques charriés par le souffle de onze volontaires. A l'aide d'un spectromètre de masse (un appareil qui permet une mesure précise et rapide des proportions d'éléments chimiques présents dans un échantillon), les scientifiques ont pu quantifier avec précision la variété des particules exhalées lors de chaque respiration. Bien que très différente d'un individu à l'autre, la proportion des différents composés s'est révélée, pour chacun, extrêmement stable au cours du temps.
En excluant les variations inévitables associées aux résidus de l'alimentation, les chercheurs ont découvert que l'haleine de leurs différents volontaires se caractérisait par un "profil de base".
Cependant, la stabilité de ce profil peut être mise à mal. Au cours d'une expérience préliminaire réalisée par la même équipe de recherche, l'un des scientifiques suisses avait procédé à l'analyse d'un échantillon de sa propre haleine, et comparé les résultats de l'analyse spectrométrique avec ceux obtenus par les sujets de l'étude. Un rapide coup d'œil révéla alors une anomalie, suggérant qu'une molécule d'une masse spécifique apparaissait présente dans son seul organisme.
La molécule mystère se révéla être le résidu d'un médicament antiépileptique qui lui était prescrit. Lorsque le fameux médicament fut administré aux volontaires, la fameuse anomalie apparut également dans l'analyse spectrographique de leur haleine.
Le suivi des variations du profil de base d'un individu, notamment hospitalier, apparaît susceptible de fournir des informations précises sur son état de santé général. La détection d'anomalie peut être réalisée rapidement, à moindre coût, et par un procédé non invasif.
En conclusion de leur dernière étude, les scientifiques suggèrent qu'une analyse plus fine des proportions des différentes molécules exhalées chez une personne hospitalisée permettrait d'obtenir sans effort des informations sur ses carences biologiques.
Sources :
- Human Breath Analysis May Support the Existence of Individual Metabolic Phenotypes. Martinez-Lozano Sinues P, Kohler M, Zenobi R. PLoS ONE 2013. doi:10.1371/journal.pone.0059909
- Real-time, in vivo monitoring and pharmacokinetics of valproic acid via a novel biomarker in exhaled breath. Gamez G, Zhu L, Disko A, Chen H, Azov V, Chingin K, Krämer G, Zenobi R. Chem. Commun., 2011,47, doi: 10.1039/C1CC10343A
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