La lèpre, une maladie qui traverse les siècles
On la croit souvent éradiquée, mais cette maladie n'a rien de moyenâgeux. La lèpre continue en effet de faire des ravages dans une centaine de pays et particulièrement en Inde, en Indonésie ou au Brésil. En 2013, l'OMS déclarait en effet 215.650 nouveaux cas de cette maladie infectieuse. Ce vendredi 23 janvier 2015 est déclaré Journée mondiale des lépreux. L'occasion de rappeler que si la lèpre est aujourd'hui curable, elle peut entraîner des paralysies irréversibles.
Elle ronge les chairs, déforme les corps et paralyse les membres des personnes infectées. Au Moyen-Âge, la lèpre est incurable. Mais les recours thérapeutiques pullulent. Des onguents, des poudres, des cataplasmes… À l'époque, tous les moyens sont bons pour essayer de vaincre ce mal.
Et à chaque symptôme, sa thérapie. Appliqué sur les paupières, le suc de figue désinfecte les yeux, l'essence de marjolaine soignent les affections respiratoires et les régimes alimentaires règlent les humeurs. Au XIIe siècle en effet, les lépreux sont soignés et pris en charge par la communauté. Les lépreux sont surtout l'incarnation du Christ souffrant. Donner aux lépreux, c'est donc espérer recevoir le salut éternel. C'est ainsi que se développent et s'enrichissent les léproseries.
Dans les léproseries, les lépreux vivent reclus, soumis à de nombreux interdits. Mais malgré la peur de la contagion, ils sont traités avec respect. Mais au XIVe siècle, vient la peste et les mentalités évoluent. La peur de l'épidémie s'installe alors. Les lépreux sont transférés dans les hôtels-Dieu et éloignés de la population saine.
Siècle après siècle, ils restent stigmatisés et exclus. Et ce malgré les progrès de la médecine comme la découverte du bacille responsable de la lèpre en 1874. "C'est un bacille, une mycobactérie qui a un métabolisme extrêmement lent. Ce qui signifie qu'à partir du moment où il a pénétré, il peut mettre jusqu'à 20 ans avant qu'il existe une expression clinique à cette infestation infectieuse", explique le Dr Francis Chaise, chirurgien léprologue.
Il faut attendre plus d'un siècle et la découverte d'antibiotiques efficaces en 1980 pour qu'enfin des millions de patients puissent guérir de la lèpre. Encore faut-il que le traitement soit pris à temps car quand les paralysies surviennent, il est déjà trop tard. "À partir du moment où il existe des signes neurologiques, il faut bien comprendre que les patients vont être tributaires de cette maladie toute leur vie parce que ces paralysies vont continuer à évoluer pour leur propre compte. Même si vous désinfectez le patient totalement par les antibiotiques modernes, ce que l'on sait faire, la paralysie va continuer à évoluer", note le Dr Francis Chaise.
Pour éviter que la paralysie ne s'aggrave, les médecins proposent aujourd'hui une solution chirurgicale. Libérer les nerfs comprimés permet en effet aux lépreux de retrouver une certaine mobilité, de limiter leur dépendance et peu à peu de se réintégrer.
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