Le cancer du poumon tue plus de femmes que le cancer du sein
Une étude publiée dans les Annals of Oncology confirme les craintes de tous les spécialistes du cancer du poumon : il sera bientôt responsable d'un plus grand nombre de décès chez les femmes que le cancer du sein. C'est la conséquence directe de l'augmentation de leur tabagisme ces dernières décennies.
"Quand j'ai commencé à exercer il y a vingt ans, le cancer du poumon était une maladie masculine", se souvient le Dr Philippe Gossot, chirurgien thoracique à l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM). "Maintenant, je dirais que presque un patient au bloc sur deux... est une patiente".
Le Dr Philippe Girard, son confrère pneumologue à l'IMM, qui suit lui également les patients non opérés, évalue "la part des femmes à environ un tiers, alors qu'avant c’était tout à fait exceptionnel"… Et leurs constats se traduisent dramatiquement dans les projections européennes de l'étude publiée par les Annals of Oncology* : en 2013, 82.640 femmes vont décéder d'un cancer du poumon en Europe... 7% de plus qu'en 2009.
Une mortalité multipliée par 4 en 15 ans
Un rythme effrayant déjà souligné par une enquête épidémiologique de l'Institut Gustave-Roussy en 2011 : cette mortalité a été multipliée par quatre en quinze ans pour les femmes. Résultat, comme, dans le même temps les succès obtenus face au cancer du sein réduisent sa dangerosité, les auteurs de l'étude estiment qu'"en 2015 le cancer du poumon pourrait devenir la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Ce qui est déjà le cas au Royaume-Uni et en Pologne"... devant le cancer du sein.
Un cancer intraitable à 40 ans...
Une menace dont les femmes ne semblent pas avoir vraiment pris la mesure. "Elles sont souvent plus surprises que les hommes à l'annonce du diagnostic, raconte le Dr Philippe Girard. L'exemple typique est le cas d'une patiente d'une quarantaine d'années qui fumait un paquet par jour depuis 20 ans, dont le cancer est intraitable... et qui n'avait pas l'impression d'être une grosse fumeuse !"
Le tabagisme croissant des adolescentes aujourd'hui inquiète aussi tous les professionnels. "Pour un(e) fumeur(se), le risque de décéder d'un cancer du poumon est de 20%. C'est 2000 fois plus que pour un(e) non fumeur(se)", rappelle le pneumologue, "plus on commence à fumer jeune, plus ce risque augmente. Il est donc urgent de mettre davantage de moyens dans une véritable politique de prévention... et pas seulement pour financer de nouvelles thérapies prometteuses du cancer du poumon, dont le coût peut s'élever à 6.000 euros par mois".
*Source : "European cancer mortality predictions for the year 2013" (document PDF), Annals of Oncology, Annals of Oncology 24: 792–800, 2013, doi:10.1093/annonc/mdt010
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