Le Primpéran® interdit aux enfants… et aux adolescents
L’Agence du médicament déconseille aux médecins de prescrire le Primpéran® aux moins de 18 ans. Ce médicament faisait déjà l’objet d’une contre-indication pour les nourrissons.
Après l'affaire du Mediator, l'Agence du médicament (anciennement Afssaps) ne cesse de réévaluer les médicaments à risques, dans le souci d'une meilleure transparence.
Dernière mise à jour en date sur la liste des médicaments sous surveillance renforcée, le Primpéran®, médicament bien connu contre les nausées et les vomissements. Sa molécule, le métoclopramide, provoquerait des effets secondaires neurologiques, comme des crampes du visages ou des membres supérieurs, des torticolis, ou encore des contractions de la mâchoire.
"La structure de cette molécule se rapproche des neuroleptiques généralement utilisés dans des cas de psychose. Les effets secondaires constatés sont totalement ou partiellement réversibles et ressemblent fortement aux effets neurotiques liés à la maladie de Parkinson. Les dommages potentiels sur le système nerveux central peuvent justifier une mise en garde, voire une interdiction d'utilisation du Primpéran® pour les enfants et les adolescents", souligne le Pr. Stéphane Mouly, de l'hôpital La Pitié-Salpétrière.
La Commission d'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) recommande de "retirer du marché les spécialités uniquement à usage pédiatrique, à savoir les spécialités Primpéran® Nourrissons et Enfants 2,6mg/ml solution buvable" (laboratoire Sanofi Aventis).
Le Primpéran® continuera d'être utilisé dans sa forme intraveineuse en milieu hospitalier.
Attention au surdosage
Selon le Pr. Mouly, "les observatoires de prescription rapportent que les médecins ont tendance à prescrire de fortes doses de Primpéran® avec des durées de traitement prolongées. Ce sont justement ces doses cumulées qui sont responsables des effets neurologiques secondaires."
L'agence du médicament s'intéresse aussi aux effets que le Primpéran® pourrait occasionner sur les personnes âgées. D'après le Pr. Mouly, cette initiative est également justifiable : " Il faut être vigilant. Chez le nourrisson, la barrière hémato-encephalique qui sépare le cerveau du sang, et qui protège le cerveau des substances étrangères, est perméable. Chez les personnes âgées, cette barrière redevient perméable à cause du vieillissement tissulaire. Le cerveau est donc moins protégé lors du passage de molécules comme le métoclopramide. En outre, les personnes âgées ont tendance à pratiquer le surdosage, et à faire interagir de nombreux médicaments."
Le recours à ce neuroleptique chez l'adulte pourrait ainsi être réévalué.