Les boissons énergisantes modifient les battements du coeur
Une équipe scientifique allemande vient de démontrer que la consommation d'une boisson "énergisante" augmentait la contractilité cardiaque à court terme. Alors que la vente de ces boissons progresse rapidement, les résultats de cette étude, présentés lors d'un congrès médical à Chicago, confirment que leur consommation n'est pas sans risques pour la santé.
Tandis que de nombreux cas de décès attribués sans certitude aux boissons énergisantes ont déjà été signalés dans le monde, la recherche sur les effets indésirables des boissons énergisantes progresse.
Les boissons énergisantes augmentent la contractilité du cœur
L'équipe du Dr Daniel K Thomas, chercheur à l'Université de Bonn (Allemagne), a présenté, lors du Congrès annuel de la société de radiologie d'Amérique du Nord à Chicago, les résultats d'une étude sur les effets sur le cœur des boissons énergisantes.
Cette recherche a montré que les personnes qui consommaient ces boissons contenant de la caféine et de la taurine avaient significativement plus de contractions cardiaques, une heure après la prise. Dix-huit patients ont été soumis à la réalisation d'une IRM cardiaque avant, puis après l'absorption. L'imagerie cardiaque post-ingestion a mis en évidence une augmentation nette de la contractilité du ventricule gauche, la partie du cœur qui permet de diffuser le sang oxygéné aux organes du corps.
Selon le Dr Jonas Dörner, l'un des chercheurs, "jusqu'à présent aucune étude n'avait démontré l'action des boissons énergisantes sur la fonction du cœur. Nous avons pu prouver que la consommation des boissons énergisantes avait une conséquence à court terme sur la contractilité cardiaque".
Le Dr Dörner précise que d'autres études seront nécessaires pour mesurer "l'impact de ces boissons énergisantes sur les activités de la vie quotidienne et la performance sportive, tout comme la répercussion chez les personnes atteintes de pathologies cardiaques."
Plus de 200 effets indésirables signalés en France
Les boissons énergisantes sont très prisées des sportifs ou des fêtards pour leurs effets "coup de fouet", et leur action antifatigue et stimulante. Mais un nombre importants d'effets indésirables en France et dans le monde, a conduit l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) à mettre en place en juin 2013 une surveillance pour que les professionnels de santé déclarent les effets indésirables de ces boissons.
Depuis, plus de 200 cas ont été signalés. Dans son rapport "Boissons dites énergisantes : l'Anses met en garde contre des modes de consommations à risques", rendu public le 1er octobre 2013, l'Agence a énuméré les effets indésirables suspectés d'être liés à la consommation de ces boissons.
Les principaux symptômes observés étaient d'ordre cardiovasculaires (sensations d’oppression ou de douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension, troubles du rythme, voire même un arrêt cardiaque), psycho-comportementaux ou neurologiques (irritabilité, nervosité, anxiété, hallucinations, épilepsie). Dans ce même rapport, l'Agence a ajouté que cette consommation exposait à des risques potentiels sur la santé : mauvaise hydratation, fuite minérale, troubles du rythme et effets cardiovasculaires.
A l'échelle internationale, le nombre de consultations relatives aux consommations de boissons énergisantes dans les services d'urgences aux Etats-Unis a quasiment doublé entre 2007 et 2011, passant de 10.068 à 20.783 consultations, d'après un rapport édité en 2013 par The Substance Abuse and Mental Health Services Administration.
Boissons énergisantes : aucun intérêt nutritionnel démontré
L'Anses a été saisie à plusieurs reprises depuis 2001 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour évaluer l'innocuité et l'intérêt nutritionnel de ces boissons.
La caféine, le guarana, la taurine et le D-glucuronolactone contenus dans ces produits permettraient selon les industries qui les commercialisent, de "mobiliser l'énergie" en stimulant le système nerveux.
L'Agence souligne dans ses derniers travaux, qu'"aucun intérêt nutritionnel n'a pu être démontré" et ajoute que "la sécurité d'emploi n'était pas assurée". Selon une autre enquête de l'Anses, 32% des consommateurs européens interrogés en 2011 déclaraient consommer au moins une fois par semaine des boissons énergisantes. Le plus inquiétant étaient les chiffres relatifs aux enfants : 3% d'enfants et 8% d'adolescents en consommaient plus de quatre à cinq fois par semaine.
Sources :
- Cardiac MRI Reveals Energy Drinks Alter Heart Function. Radiological Society of North America.
- Evaluation des risques sanitaires des boissons dites énergisantes. Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
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