Les effets des anesthésiques sur notre cerveau en temps réel
Voir ce qui se passe dans notre cerveau lorsque l'on nous administre des agents anesthésiants, c'est désormais possible. Des chercheurs français ont observé, chez le rongeur, les effets de ces produits sur la vascularisation du cerveau, grâce à un appareil IRM de pointe.
Des anesthésies générales sont pratiquées tous les jours dans tous les hôpitaux et pourtant, les phénomènes biologiques et physiques qui entrent en jeu dans le phénomène sont mal connus. En savoir plus sur les réactions du cerveau sous l'influence des agents anesthésiques reste un défi majeur pour les chercheurs.
Des équipes du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP) et de l'Université Paris-Est Créteil (UPEC) ont montré qu'il était possible d'observer en temps réel les effets de ces principes actifs sur la circulation sanguine dans le cerveau d'un rongeur. Cette avancée a pu être réalisée grâce à l'IRM à ultra-haut champ magnétique, un système d'imagerie très performant. Les résultats de leurs observations ont été publiés en ligne par la revue PloS ONE.
Variations du débit sanguin
Les chercheurs ont constaté que l'administration de certains anesthésiques se traduisait à l'image par une augmentation du contraste observé entre les tissus et les veines. La raison de ce contraste marqué serait l'effet des agents anesthésiques sur le niveau d'oxygénation du sang dans le cerveau. Ces niveaux d'oxygénation reflèteraient des changements du débit sanguin cérébral ou du métabolisme basal, c'est-à-dire de la quantité d'énergie minimale permettant de faire fonctionner l'organisme au repos. Peut-être ces résultats permettront-ils d'en savoir plus sur les éventuels effets secondaires des produits anesthésiants sur nos capacités cognitives…
Le potentiel de l'IRM à ultra-haut champ magnétique
Les images obtenues par cette technique de pointe sont plus précises et de résolutions bien supérieures à celles obtenues avec les IRM "classiques" actuellement utilisés dans les hôpitaux. Avec cette technique et en combinant les images obtenues avec plusieurs anesthésiques, les chercheurs ont pu reconstituer des images de l'ensemble des veines constituant le cerveau.
D'après les chercheurs qui ont mené cette étude sur le rongeur, la technique d'IRM à ultra-haut champ magnétique a du potentiel… et pourrait être très utile dans l'étude des perturbations de la circulation sanguine cérébrale associées aux maladies neurodégénératives.
Mais ce dispositif hight tech est encore loin d'être à la disposition des médecins. Ceux-ci ne disposent souvent que d'IRM 1,5 Teslas, et rarement à 3 Teslas. Pour des raisons technologiques, le développement d'imageurs IRM à ultra-haut champ magnétique destinés à l'homme reste un défi.
Etude de référence : "Effects of Anesthetic Agents on Brain Blood Oxygenation Level Revealed with Ultra-High Field MRI", Luisa Ciobanu, Olivier Reynaud, Lynn Uhrig, Béchir Jarraya, Denis Le Bihan. PloS ONE, 2012.
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- CEA
- "Observer en temps réel les effets des anesthésiques sur le cerveau", 15 mars 2012.