Numerus clausus : le débat continue
Le numerus clausus est la bête noire des étudiants en médecine. Il détermine le nombre d'élèves autorisés à passer en deuxième année. Le chiffre 2014 a été annoncé il y a quelques jours et il est stable par rapport à 2013. Le quota est fixé à 7.492 étudiants très précisément. Le ministère de la Santé n'a donc pas souhaité l'élargir malgré les réclamations de l'Association des maires de France, inquiète de la multiplication des déserts médicaux. Comment est-il établi chaque année ? Quelles sont les limites du numerus clausus ?
Créé au début des années 70 pour réguler le nombre de médecins en exercice et limiter les dépenses de santé, le numerus clausus est de plus en plus contesté.
Le numerus clausus est imposé par le ministère de la Santé à chaque université. Un nombre qui fait peur aux étudiants. Le numerus clausus "correspond à une double réalité : tout d'abord l'obligation ministérielle de limiter en France ce nombre. Et nous sommes tenus par nos capacités d'enseignement et aussi par la qualité de l'enseignement qu'on veut dispenser. Mais certains contournent ce numerus clausus quand ils sont en échec et qu'ils veulent absolument être médecin. Ils s'échappent de la France et vont vers d'autres pays pour revenir ultérieurement en France", explique le Pr Olivier Dubourg, vice-doyen de l'UFR des sciences de la santé de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
Mis en place en 1971 pour réguler le nombre de médecins en exercice, le numerus clausus avait fixé à 8.600, le nombre d'étudiants en médecine admis en deuxième année. Puis il a été abaissé pour atteindre son plus bas niveau en 1992 avec 3.500 étudiants seulement. Il a ensuite été relevé progressivement pour arriver au seuil actuel de 7.500.
Mais le numerus clausus est de plus en plus contourné. Ce quota ne permet plus d'anticiper comme auparavant la régulation du nombre de médecins. "Il va falloir qu'on adapte nos projections à un phénomène nouveau, récent qui est l'installation de médecins à diplôme non français, confie le Pr Yvon Berland, président de l'Observatoire national de la démographie des professions de santé. Mais parmi ces diplômés non français, il y a des ressortissants étrangers mais également des ressortissants français qui se sont formés ailleurs que dans notre pays". Selon lui, aujourd'hui, "25% des installations, des inscriptions à l'Ordre sont des médecins qui ont été formés en dehors de notre pays".
Si le numerus clausus reste utile selon les syndicats de médecins, il ne serait pas suffisant pour lutter contre la désertification médicale. Pour le Dr Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français, ce numerus clausus devrait être adapté en fonction des besoins et il devrait aussi être complété par la sélection et l'orientation à l'internat : "parce que les jeunes qui vont se former à ce moment-là s'installent le plus souvent dans la région où ils ont fait leur internat".
Avec près de 218.300 praticiens, la France n'a jamais compté autant de médecins sur son territoire. Mais ils sont mal répartis, avec des zones de déserts médicaux. Depuis cinq ans, de plus en plus d'habitants des régions rurales, de montagne, et de certaines banlieues ont des difficultés pour accéder aux soins.