Qu'est ce que la grippe aviaire H5N8, qui sévit en Europe ?
Années après années, les grippes d'origine animale se succèdent sans se ressembler... Après H5N1, H1N1, H7N9 et H5N6, plusieurs pays d'Europe luttent ces dernières semaines contre la souche "H5N8". Quelles sont les différences entre ces souches de virus ? Existe-t-il des risques de contamination à l'homme ?
H, N et les autres ?
La grippe est une maladie infectieuse causée par un virus, Myxovirus influenzae, dont il existe trois formes – A, B et C. Les deux premières (A, B) sont les plus fréquemment rencontrées.
A la surface de ces particules virales se trouvent différentes protéines complexes, parmi lesquelles deux sont tout particulièrement différenciées : l'une a pour initiale un H (c'est l'hémagglutinine), l'autre un N (c'est la neuraminidiase).
A ce jour, seize sous-types d'hémagglutinines et neuf sous-types de neuraminidiases sont recensés.
Dans le monde aviaire, pour la particule virale A, tous les combinaisons de sous-types H et de sous-type N semblent pouvoir exister.
Concernant les virus responsables, de façon saisonnière, de la grippe humaine, seuls les sous-types H1, H2, H3, N1 et N2 sont incriminés (voir encadré).
La transmission à l'homme d'un virus porteur d'une hémagglutinine ou d'un neuraminidiase autre que ceux listés ci-dessus - et donc usuellement propres à d'autres représentants du règne animal - suppose des mutations de sa structure. Ce type de contagiosité inter-espèce est donc rare, et n'implique pas nécessairement que le virus puisse, ultérieurement, être transmis d'un être humain à un autre.
"H" et "N" ne sont pas les seules molécules existantes à la surface du virus ; et la structure des autres protéines en présence peut également varier. Il peut donc exister plusieurs formes d'un virus associées à un seul couple H/N. Les vaccins antigrippaux proposés annuellement tiennent compte de la probabilité d'apparition des différents sous-types de virus.
Les virus H5
Les virus de type H5 (et H7, voir encadré) sont très fréquents, et surtout très pathogènes, chez les oiseaux.
Chez ces animaux, le variant H5N1 (dont on a beaucoup parlé ces dix dernières années) est associé à une mortalité très élevée. La transmission de l'animal à l'homme est possible et très dangereuse. Toutefois, aujourd'hui, les souches existantes de H5N1 ne peuvent pas se transmettre d'homme à homme.
En avril 2014, H5N6, un virus déjà détecté en milieu naturel en Allemagne, en Suède et aux Etats-Unis a étéidentifié dans un élevage chinois. Une contamination à l'homme, ayant entraîné un décès, a été recensée à la même époque. Mi-septembre, l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) soulignait dans un communiqué que ce virus était particulièrement virulent chez les poulets et les oies : "les volailles infectées tombent rapidement malades et succombent souvent en l'espace de 72 heures", précisaient les experts, selon qui le virus pourrait rapidement se propager "dans une vaste partie de l'Asie du Sud-Est". Ce H5N6 constitue "une réelle menace pour les moyens d'existence liés à l'aviculture, qui contribue aux revenus de centaines de millions d'habitants de la sous-région".
Mais depuis, peu, un autre virus inquiète également les autorités sanitaires : le H5N8. Détecté mi-janvier dans un élevage de canards en Corée du Sud (à 300 km au sud-ouest de Séoul), il avait été rapidement identifié dans de nombreux autres sites du pays, entraînant dans le mois l'abattage de plus d'un million et demi d'animaux.
Le 5 novembre, les autorités sanitaires allemandes signalaient que ce virus H5N8 avait été détecté dans un élevage de dindes du nord du pays. Les animaux ont, là encore, été abattus sans délai, et l'élevage désinfecté. Onze jours plus tard, les Pays-Bas annonçaient que le virus avait été identifié dans une ferme du centre du pays. Les 150.000 poulets de l'exploitation néerlandaise doivent être rapidement "évacués et détruits". Une interdiction temporaire du transport de volailles sur le territoire a par ailleurs été décrétée pour 72 heures.
La récente menace ''H7''
Des virus de type H7 ont déjà été transmis à l'homme par le passé, toujours dans le contexte d'épizooties (épidémie survenant chez une espèce ou plusieurs animales), dans de nombreux pays industrialisés. Les contaminations humaines recensées étaient, jusqu'à fin 2012, exclusivement liées aux types H7N2, H7N3 et H7N7. Les symptômes associés étaient essentiellement bénins (conjonctivites, troubles respiratoires légers), un seul décès ayant été recensé.
Depuis début 2013, de multiples contaminations par le virus H7N9 ont été recensées en Asie. Aucun cas de transmission interhumaine n'a été observé. Les deux derniers cas de contamination ont été rapportés à l'OMS par les autorités chinoises le 19 octobre 2014 (dont un mortel).