Un nouvel espoir pour traiter la rétine ?
Une équipe britannique de l'Institut d'opthalmologie de l'UCL de Londres vient de réussir à recréer une perception visuelle dans la rétine de souris aveugles en les traitant avec des cellules dérivées de cellules souches embryonnaires.
Les progrès de la thérapie cellulaire s'accélèrent dans la lutte contre les maladies de la rétine. Tandis qu'un essai de phase I vient d'être autorisé sur l'homme au Japon dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), des chercheurs du plus grand institut ophtalmologique britannique viennent de publier une nouvelle étude prometteuse dans la revue Nature Biotechnology.
Reconstitution d'une perception visuelle
"Cette équipe est la première à avoir identifié le stade de développement des cellules dites "précurseurs" qui pouvaient s'intégrer et se différencier en photorécepteurs dans la rétine", explique le Dr Olivier Goureau, directeur de recherche Inserm à l'Institut de la vision. Dans leurs premiers travaux, ils obtenaient ces cellules à partir de très jeunes souris. Cette fois-ci, elles proviennent de cellules souches embryonnaires qui ont été cultivées selon une méthode "en 3D" comme le montre la vidéo associée à leur article.
Ils les ont donc greffées à des souris adultes aveugles et non seulement ces "précurseurs" se sont transformés en photorécepteurs au sein de la rétine atteinte de dégénérescence mais ils ont en plus "créé des liens, des connexions synaptiques" vers les neurones voisins, jusqu'au nerf optique. Malheureusement, aucune amélioration de la vision n'a pu être objectivée pour autant : il faudrait augmenter le taux de cellules intégrées et performantes.
Espoirs pour la DMLA, la rétinite pigmentaire et le glaucome
Ces résultats ne découragent pas le Pr Robin Ali, de l'Institut d'ophtalmologie de Londres qui espère pouvoir passer à des premiers tests chez l'homme dans environ cinq ans en soulignant que ce type de culture a déjà été réalisé avec des cellules souches embryonnaires humaines. "Si on peut implanter 20.000 cônes (photorécepteurs les plus utiles ndlr) à une personne souffrant de DMLA, espère-t-il. Je pense qu'on peut obtenir un immense bénéfice clinique car nous n'avons pas besoin de beaucoup de cônes pour avoir une vision très efficace". Et le chercheur au cœur de cette publication poursuit : "La fovéa, au centre de la macula qui est responsable de la vision la plus précise – comme la lecture – ne comporte que 20.000 cônes. Cela vous donne une idée du peu de cellules qui peuvent permettre d'obtenir un résultat !" Chez la souris, ils seraient en effet déjà parvenus à en transplanter 40.000.
Un essai complémentaire chez l'homme au Japon
Ces recherches britanniques pourraient donc être appliquées à la DMLA, mais aussi aux maladies rétiniennes génétiques ou au glaucome... Mais pour la DMLA en particulier, les thérapeutiques envisagées devraient être associées aux travaux de l'équipe japonaise qui vient d'être autorisée à lancer un essai clinique. Celle-ci s'attaque en effet au coeur même de cette dégénérescence : le dysfonctionnement de l'épithélium pigmentaire rétinien qui est juste à l'arrière des photorécepteurs et dont l'atteinte est à l'origine de leur destruction. S'il n'est pas réparé, les cônes "greffés" disparaîtront comme ceux du patient… "L'essai va constituer à déposer chirurgicalement sur place un "feuillet" de cellules épithéliales réalisées à partir de celles du patient lui-même (en les ayant fait passer par le stade de cellules souches pluripotentes ndlr)", explique le Dr Goureau de l'Institut de la vision. Pareil procédé pourrait à lui seul éviter la dégradation de la vision s'il était réalisé à un stade précoce de la DMLA.
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Ailleurs sur le web :
- Nature Biotechnology
- "Photoreceptor precursors derived from three-dimensional embryonic stem cell cultures integrate and mature within adult degenerate retina", le 21 juillet 2013