Urgences : l'examen cardiovasculaire en pratique
En médecine d'urgence, il faut examiner rapidement et complètement les patients. En quelques minutes, le médecin urgentiste doit se faire une idée des différents appareils comme on dit dans le jargon. Et le système cardiovasculaire, c'est-à-dire le cœur et les vaisseaux, est important. Le Dr Gérald Kierzek, urgentiste, explique le déroulement de l'examen cardiovasculaire aux Urgences.
Les infirmiers mesurent les premiers éléments : pouls, tension artérielle et même saturométrie en oxygène (petite pince au bout du doigt).
Concernant la tension artérielle, l'appareil donne deux chiffres : le premier et le plus grand est appelé pression artérielle systolique et correspond à la phase de contraction du cœur qui éjecte le sang dans la circulation. Le second chiffre, le plus petit, est appelé pression artérielle diastolique et correspond à la phase de relâchement cardiaque ou diastole. L'hypertension artérielle est définie par une élévation de la pression artérielle supérieure ou égale à 140 mmHg pour la systolique et/ou 90 mmHg pour la diastolique, ou 14/9. La tension artérielle normale (avec ou sans traitement) doit donc être inférieure à 14/9.
Le pouls correspond au nombre de battements cardiaques par minute et on sait que la normale varie de 60 à 80 pulsations par minute. Si vous prenez des médicaments comme des bêtabloquants ou que vous êtes très sportif avec un cœur entraîné, votre cœur bat plus lentement. Au contraire, chez les enfants, le rythme est beaucoup plus élevé. Mais cette fréquence cardiaque est un bon indicateur, elle augmente avec la fièvre, diminue avec les malaises, etc.
Comment prend-on le pouls ?
Les urgentistes disposent d'appareils qui font tout. Sinon le pouls se prend au niveau radial ou carotidien, c'est-à-dire au niveau d'un gros vaisseau (artère). Et pas avec votre pouce, surtout si vous le prenez sur quelqu'un d'autre car cela va fausser le résultat avec le risque de compter vos propres pulsations !
Le médecin ne vous ausculte pas tout de suite. Il ne faut pas confondre l'examen et l'auscultation. L'auscultation, c'est écouter avec le stéthoscope. Mais avant, il y a d'autres étapes. Un bon examen clinique aux Urgences se fait généralement déshabillé, notamment pour la première étape : l'inspection.
Les différentes étapes de l'examen cardiovasculaire
L'inspection consiste à regarder. Le médecin vous inspecte de la tête aux pieds : avez-vous des oedèmes aux jambes, une jambe asymétrique (phlébite ?), l'état cutané qui peut témoigner d'une mauvaise circulation veineuse, la couleur de la peau, des ongles (cyanose,…), une turgescence jugulaire (les veines du cou), autant de signes d'une insuffisance cardiaque ou circulatoire.
La deuxième étape correspond à la palpation. Le médecin va palper les oedèmes et surtout les pouls : sont-ils tous perçus, de chaque côté ? On pense qu'il y a le pouls radial et carotidien mais tous les axes vasculaires ont leur pouls : fémoral, poplité, pédieux.
La dernière étape correspond à l'auscultation. Durant cette étape, nous utilisons le stéthoscope. Le stéthoscope a été inventé en 1816 en France, par le docteur René Laennec. Il ne s'agissait alors que d'une simple liasse de papiers roulés, permettant d'éloigner l'oreille du médecin de son patient pour des raisons de pudeur, mais aussi d'efficacité. Il y a eu des modèles en bois et le stéthoscope contemporain comporte un ou deux pavillons, pièces métalliques pourvues d'une membrane que l'on applique sur la peau du patient. Cette membrane, mise en vibration par les sons corporels, est reliée par un ou deux tubes souples en caoutchouc aux embouts que l'opérateur place dans ses oreilles.
Le stéthoscope est utilisé afin d'écouter les battements cardiaques, le murmure respiratoire, le thrill artériel, les bruits abdominaux ou fœtaux, ou encore utilisé lors de la prise de la tension artérielle.
"Poum Ta" est le son que l'on entend quand les battements cardiaques sont normaux. En cas de fuite d'une valve, on va entendre un "Pfff" entre les deux ou après le deuxième bruit.
Dernier conseil : ne parlez pas quand on vous ausculte, cela amplifie les sons. Non seulement le médecin n'entend pas ce qu'il veut entendre mais en plus il en prend plein les oreilles !
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