Déconfinement : pensons à protéger la biodiversité
Après deux mois de confinement, forêts, parcs et jardins sont de nouveau accessibles ainsi que plusieurs plages du littoral. Si c’est une bonne nouvelle pour les humains, ce n’est pas forcément le cas pour les animaux qui vont à nouveau devoir s'adapter à la présence humaine.
Durant la période de confinement, on a de nouveau entendu les oiseaux chanter à toute heure de la journée, alors que d’habitude les mésanges, les merles, les moineaux adaptent leur rythme d'activité pour éviter les humains. Ils ne s’aventurent dans les cours d’école qu’en dehors des temps de récréations ou quand l’école est fermée.
Les 60 espèces d’oiseaux nicheurs qui vivent dans Paris intra-muros ont réinvesti l’espace plus librement puisqu’il n’y avait plus de danger. Ce ne sont pas les seuls, des daims ont été filmés dans les rues de Boissy-Saint-Léger en banlieue parisienne. Cela s’explique d’abord par le peu de circulation sur les routes, avec un résultat attendu, la baisse impressionnante du nombre d’animaux écrasés.
Habituellement ce sont 1 800 000 hérissons qui sont écrasés sur les routes chaque année, idem pour les grenouilles qui sont souvent tuées accidentellement, quand elles tentent de rejoindre leur site de reproduction.
Moins de circulation, moins de bruit... même sous l’eau !
Il y aussi eu une diminution du trafic fluvial et maritime. La Seine, dans sa partie parisienne est longue de 13 km et supporte en temps normal un trafic fluvial d’environ 2 000 bateaux. Avec l’arrêt du trafic, les 34 espèces de poissons qui y vivent se sont multipliées tranquillement, que ce soit les brochets, les carpes et les truites... et leur taille a augmenté.
À Marseille, les agents du littoral, ont même filmé des dauphins et des baleines au large des calanques. Habituellement, la pollution sonore générée par les humains, perturbe les animaux marins et provoque même des accidents (le stress perturbe leur comportement). Ils ont plus de mal à communiquer entre eux, à se rejoindre ou à chasser ensemble.
C’est probablement le silence des humains qui a permis à ces mammifères marins de s’aventurer près des côtes et comme c'était la saison des amours et des naissances pour certaines espèces, ça tombait très bien !
Plus de risques avec le déconfinement ?
L'office national des forêts demande aux Français et notamment aux Parisiens d’être tout particulièrement vigilants en ce moment. Ils les invitent à respecter des consignes, comme par exemple de ne pas quitter les sentiers, tenir leur animal de compagnie en laisse pour ne pas risquer d’attaquer les oiseaux ou les petits mammifères comme les hérissons, les écureuils etc... et de bien regarder où ils posent les pieds.
Les oiseaux sont en période de nidification et certaines espèces font leur nid à même le sol et non pas dans les arbres.
Attention au littoral
Les recommandations sont les mêmes si vous allez en bord de mer. Il faut là aussi regarder où mettre les pieds, le gravelot à collier et les sternes nichent en colonie, creusant dans le sable une petite cuvette pour couver leurs œufs, on risquerait de les écraser. Une fois les œufs pondus ou éclos, la présence humaine, si elle est intrusive, risque de faire peur aux parents et de provoquer leur envol, en abandonnant leur progéniture pendant plusieurs heures sans aucune protection contre les prédateurs.
Certaines plages resteront partiellement fermées jusqu’au 31 août, c’est pour protéger la faune. Il ne s’agit pas d’une mesure arbitraire dont on pourrait penser qu’elle ne sert à rien, seulement à limiter la liberté de circuler.
- Lisez bien les pancartes pour savoir si c’est une zone de nidification ou non.
- Lors de votre promenade, restez au bord de l’eau et non pas dans les dunes de sables. Les agents du littoral et les associations sensibilisent les promeneurs pour que chacun puisse apprendre à laisser de la place à la biodiversité animale et végétale.
- N’oubliez pas que la nature ne nous appartient pas et tout l’enjeu est d’apprendre enfin à la protéger.
Des consignes également utiles dans nos jardins et sur nos balcons
Si vous avez un jardin :
- Évitez de tondre trop souvent la pelouse et faites attention, il y a toute une vie qui s’est développée dans les herbes : insectes, vers de terre et pourquoi pas un hérisson de passage.
- Évitez de tailler les branches de vos arbres pour les oiseaux, un nid s’y cache peut-être.
- Pensez aussi à mettre de l’eau à disposition à une fenêtre ou sur un balcon pour les oiseaux. Rien qu’à Paris, au cours des quinze dernières années, un quart des espèces d’oiseaux a disparu. La ville a d’ailleurs prévu de laisser certaines pelouses et végétation dans les parcs en l’état, sans être taillée. Une manière efficace de soutenir la biodiversité qui s’est développée durant le confinement.