Mia et le lion blanc : une amitié hors du commun
Le tournage du film "Mia et le lion blanc", construit autour d'une relation qui naît entre une fille de 11 ans et un lionceau blanc, s'est étalé sur plusieurs années pour laisser la jeune actrice grandir avec ce lion. Farah Kesri, vétérinaire et éthologue, explique ce qu'est une relation interspécifique.
"Mia et le lion blanc" a été tourné en Afrique du Sud, où des fermes d'élevage de félins existent, avec des images à couper le souffle pour illustrer une amitié hors du commun entre une fille de 11 ans, Mia, et un lionceau blanc. Il arrive que des lions naissent blancs, ce ne sont pas des lions atteints d'albinisme mais de leucistisme. Autrement dit, l'absence de mélanine n'est pas généralisée, elle est partielle. C'est la raison pour laquelle les yeux des lions blancs ne sont pas rouges mais bleus ou or. C'est une sous-espèce du lion d'Afrique et les naissances sont rares. Pour les Africains, il est signe de chance.
Truquage sur fond vert ou réalité ?
Seule l'équipe technique du film était dans des cages pour se protéger des lions. Les deux acteurs qui jouent le rôle de Mia et de son frère, eux, touchent réellement le lion. Pour cela, le film a été tourné sur quatre ans, les enfants ont grandi avec le lionceau. Ils ont eu des contacts quotidiens, ce qui a permis de créer ce qu'on appelle en éthologie une relation interspécifique, c'est-à-dire des liens entre des individus d'espèces différentes.
Avec les humains, ce type de liens se crée généralement avec des espèces domestiques, rarement avec un lion puisque les grands félins ne sont pas domesticables. Les lions ne sont pas de grands chats. On parle de domestication, quand elle s'exprime dans toute une espèce et pas à l'échelle de quelques individus de l'espèce. Le processus se déroule sur des siècles après une sélection par l'homme. L’animal acquiert des gènes qui lui permettent de vivre au contact des humains et il en perd d'autres, comme celui de la prédation.
Les gènes des lions résistent à la domestication. Autrement dit, un lion verra toujours l'homme comme un repas potentiel. Ce que l'on voit dans le film s'apparente plus à des relations interspécifiques basées sur de l'apprivoisement.
Un danger sous contrôle
Au cours du tournage, le danger était sous contrôle grâce à la présence de Kevin Richardson, surnommé "l'homme qui murmure à l'oreille des lions". Ce Sud-Africain est zoologue autodidacte. Véritable star internationale, il a créé un sanctuaire pour les lions qui y vivent en autonomie.
Depuis vingt ans, Kevin Richardson interagit avec plus d'une centaine de lions. En regardant les images ou les films, on se demande comment est il parvenu à se faire accepter par les lions alors que ces derniers ne dépendent pas de lui pour se nourrir et qu'il n'y a pas de dressage comme dans un cirque.
Un film qui alerte sur la chasse de lions d'élevage
En Afrique du Sud, l'élevage de lions est tout à fait légal. On continue à chasser le lion sauvage, qui est une pourtant une espèce vulnérable. On estime qu'en Afrique, il ne reste plus que 15.000 à 20.000 lions dans la nature contre 250.000 il y a un siècle. Une baisse significative qui s'explique principalement par la réduction de leur habitat, des conflits de territoire entre les humains et ces carnivores...
La chasse au trophée par des touristes fortunés et le commerce des os de lions pour la médecine chinoise aggravent la situation. Faut-il attendre qu'une espèce soit en voie de disparition pour la protéger ? Si rien n'est fait, le roi des animaux aura disparu à l'état sauvage d'ici vingt ans. Défendre la cause des lions est aussi l'une des raisons pour laquelle Gilles de Maistre, le réalisateur, et Kevin Richardson ont fait ce film, qui sortira dans les salles le 26 décembre 2018.