Pour le bernard-l'ermite, la taille du pénis ça compte !
Selon une étude, les pénis de grande taille des bernard–l’ermite leur permettraient de pratiquer le ”safe sex”. Grâce à leur membre, ils peuvent se reproduire tout en protégeant leur coquille.
Pas évident pour un bernard-l'ermite de se reproduire en toute sérénité : il doit pour cela sortir de sa coquille, et risque alors que ses congénères viennent la lui dérober. Au cours de l'évolution, selon une étude parue dans Royal Society Open Science, le "pénis" de certaines espèces terrestres aurait grandi pour réduire ce risque.
Vol de coquille
Ces crustacés ont un abdomen mou. Ils s’abritent donc dans une coquille vide de gastéropode et changent de logement à mesure qu'ils grandissent. Mais toutes les coquilles ne se valent pas. Les plus prisées sont celles qui ont été "remodelées" par le crustacé. Car si les bernard-l'ermite aquatiques se contentent de s'approprier des coquilles abandonnées, certaines espèces terrestres vont plus loin. Elles transforment leur logement grâce à des substances chimiques et des actions physiques, notamment pour en alléger le poids. Le mâle est très vulnérable face aux voleurs de coquille : si un congénère la lui dérobe, le bernard-l'ermite terrestre risque de se dessécher et de mourir dans les 24 heures.
”Safe sex”
Mark Laidre, biologiste au Dartmouth College (Etats-Unis), étudie ces crustacés terrestres et aquatiques depuis plusieurs années. Le chercheur s’est penché sur l'importance de ce qu'il appelle "la propriété privée" (à savoir la coquille) "sur l'évolution de la taille du pénis" de ces animaux. Lorsqu'il se reproduit et cherche à transmettre ses gènes, le bernard-l'ermite s'expose à un risque de vol de coquillages. Il lui faut en effet sortir en partie de sa coquille pour pouvoir féconder la femelle, avec ce qui peut s'apparenter à un "pénis", selon le chercheur. Grâce à des "tubes sexuels", il éjacule une substance gélatineuse portant des spermatozoïdes à l'entrée de l'appareil génital de la femelle.
Un grand pénis comme solution
Dans son étude, le chercheur a d'abord posé l'hypothèse que les "pénis" de ces crustacés auraient évolué et se seraient agrandis "pour éviter le vol de leur bien pendant l'acte sexuel". Puis il s'est attaché à vérifier son hypothèse. Il a étudié 328 spécimens de neuf espèces voisines de bernard-l'ermite terrestres et aquatiques, conservés dans des musées. Il a notamment mesuré très précisément le rapport entre la taille du "pénis" et la taille des individus.
Résultat : les espèces terrestres de la famille Coenobita, qui remodèlent leur logement, ont de plus grands "pénis" (relativement à leur taille) que les espèces qui ont des coquilles non travaillées. Et celles-ci ont un attribut mâle plus grand que des crustacés voisins qui n'ont pas de coquille. "Ces résultats suggèrent que des pénis plus grands résultent d'adaptations morphologiques pour faciliter le safe sex, qui consiste pour les individus à conserver leurs biens en étendant un long pénis en dehors de leur coquille pour copuler", résume le chercheur.