Incendie de Notre-Dame : la santé des riverains menacée ?
Près de trois mois après l’incendie de la cathédrale, la question de la pollution au plomb se pose toujours. Des risques de surexposition voire d’intoxication pourraient exister pour les riverains et pour les travailleurs du chantier.
Faut-il craindre une contamination au plomb autour de Notre-Dame ? Le 4 juillet 2019, près de trois mois après l’incendie de la cathédrale, le site d’information Mediapart a publié des chiffres issus d’un rapport de la préfecture de police de Paris. Selon le media, des taux anormalement élevés ont été mesurés sur le chantier, mais aussi dans les rues alentour. Le seuil maximal autorisé serait ainsi dépassé entre 400 et 800 fois.
Plomb et saturnisme
Sur place, Annie Thébault-Mony, directrice de recherche à l’INSERM, s’étonne que l’eau utilisée pour laver les véhicules du chantier s’écoule directement dans les caniveaux puis dans les égouts. Selon elle, les risques de pollution au plomb sont loin d’être terminés. Car la flèche de Notre-Dame en contenait 250 tonnes. Sa combustion a entraîné la diffusion de poussières contaminées dans les environs. Or, une intoxication à ce métal peut provoquer des cas de saturnisme.
Des parents comme Anne Souléliac s’inquiètent. La semaine où Notre-Dame a pris feu, sa petite fille de deux ans et demi était gardée par une assistante maternelle de la ville, dans son appartement, situé à proximité du monument. Et elle n'avait reçu aucune consigne sur les précautions à prendre pour le nettoyage de son appartement ou la fréquentation des squares voisins.
Dans un communiqué publié à la fin de la journée du 4 juillet, l'Agence Régionale de Santé reconnait que "le risque sanitaire principal lié à la présence de plomb réside dans l’éventuelle ingestion de poussières de plomb retombées sur le sol, en particulier pour les enfants de moins de 7 ans et les femmes enceintes". Elle rappelle donc les mesures de précautions à prendre dans les logements proches de la cathédrale.
Mais selon l'ARS, "les prélèvements de poussières intérieures faits au domicile de familles vivant à proximité de la cathédrale se sont révélés inférieurs au seuil réglementaire", à l'exception d'un cas, qui aurait été exposé à d'autres contaminations. Et le communiqué affirme également que, "les résultats des prélèvements effectués par la Ville de Paris dans les équipements collectifs accueillant des enfants dans un rayon de 500 mètres de Notre Dame sont conformes" .
L'agence sanitaire annonce néanmoins la poursuite de la surveillance chez les particuliers et dans les structures collectives. Un nouveau nettoyage du parvis (interdit au public) est aussi prévu car les taux de plomb constatés restent inquiétants.