Lubrizol : une "enquête de santé" lancée auprès de la population
Le gouvernement lance une enquête sanitaire auprès de la population touchée par la fumée de l’incendie de l’usine Lubrizol. Des prélèvements biologiques devraient être réalisés sur un échantillon des habitants de 215 communes.
Quel impact l’incendie de l’usine Lubrizol a-t-il eu sur la santé des habitants ? L'Etat annonce mener prochainement une "enquête de santé" auprès de la population qui était sous la fumée de l'incendie de Lubrizol à Rouen, sans cependant faire de prélèvements sanguins dans l'immédiat.
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"Mesurer les nuisances"
"L'objectif de l'enquête de santé déclarée de population générale" qui doit démarrer sur le terrain en mars 2020, est "de mesurer les nuisances qui ont été vécues par les personnes exposées, les symptômes ressentis, l'impact sur la qualité de vie, les relations sociales, familiales, professionnelles et puis les conséquences psychosociales et la santé perçue", a expliqué Anne Laporte directrice des régions de l'agence Santé publique France lors d'un comité de transparence sur l'incendie à Rouen.
215 communes concernées
L’enquête concernera les 215 communes qui se sont retrouvées sous le panache de fumée de 22 km de long. Ce ne sera "pas une enquête sur population générale mais sur échantillonnages déterminés par les zones contaminées" éventuelles, a-t-elle précisé.
Concernant l'éventuelle "enquête biologique", il s’agira de "prélèvements" par exemple un "recueil d’urine ou de sang", selon Anne Laporte. "On attend les analyses d'expertises sur tout le travail sur l'environnement pour savoir si on va mettre en place cette enquête de biosurveillance" poursuit-elle, expliquant qu’elle ne dispose donc pas encore de calendrier pour cette enquête.
Le volet environnemental de l’enquête devrait quant à lui être bouclé dans les mois qui viennent, selon l’ARD. Il visera à détecter des polluants même à dose "faible et très faible", a précisé le directeur régional de l'environnement Patrick Berg. "Aujourd'hui, les 150 prélèvements effectués sont satisfaisants", a-t-il ajouté. Interrogé par l'AFP sur la durée de l'enquête environnementale, financée par Lubrizol et Normandie Logistique, Patrick Berg n’a cependant pas souhaité répondre.
Des symptômes "persistants"
"C'est scandaleux", a réagi le député européen EELV et élu de la métropole de Rouen David Cormand, interrogé par téléphone. "L'enquête préalable aurait dû être déjà mise en œuvre. Le temps perdu avant de lancer éventuellement une enquête sérieuse aura pour effet qu'on ne saura pas à quoi ont été exposées les populations au moment de la catastrophe", a-t-il ajouté.
Au cours de la réunion, Charlotte Goujon, maire PS de Petit-Quevilly, commune qui jouxte l'usine Lubrizol, a déploré des odeurs et symptômes ("langue qui pique, nausées, gorges qui gratte") "persistants" chez les habitants. "Il y en a moins qu'avant mais même à la préfecture il arrive encore, c'est plus rare et atténué, d'avoir des odeurs", a reconnu le préfet qui a pris un arrêté pour les faire cesser d'ici à la "fin du mois".
En visite à Rouen un mois après l’incendie, le Premier ministre Edouard Philippe a de son côté assuré qu’il serait "extrêmement vigilant"sur l’indemnisation "complète" et "rapide" des agriculteurs, des commerçants et des entreprises.