Cancer : cinq pesticides épinglés par l'OMS
Le Roundup®, l'herbicide favori des jardiniers, est désormais classé comme cancérogène "probable" par l'OMS, tout comme quatre autres insecticides. Alors que le glyphosate, composé du Roundup®, est toujours autorisé en France, les preuves de sa toxicité restent controversées.
L'herbicide le plus vendu dans le monde, le glyphosate, présent notamment dans le Roundup®, a été classé comme cancérogène "probable chez l'homme" par l'Organisation Mondiale de la Santé le 20 mars. À cette liste s'ajoutent les insecticides malathion et diazinon, selon une étude de l'Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC) publiée dans The Lancet, qui rappelle tout de même que les "preuves sont limitées".
Les insecticides tetrachlorvinphos et parathion, qui font déjà l'objet d'interdictions ou de restrictions dans de nombreux pays, ont pour leur part été classés cancérogènes "possibles". Néanmoins, cette nouvelle classification n'a en aucun cas un caractère contraignant pour les Etats. "Il revient aux gouvernements et aux autres organisations internationales de recommander des réglementations, des législations ou des interventions de santé publique", note l'IARC dans un communiqué.
Un herbicide de jardin courant
Le glyphosate est l'herbicide dont la production est la plus importante en volume dans le monde. Ses ventes ont explosé depuis l'introduction de cultures génétiquement modifiées pour résister à cet herbicide, ce qui permet aux agriculteurs de tuer les mauvaises herbes en arrosant un champ en une seule fois. Outre l'agriculture, où son usage a fortement augmenté, il est également utilisé dans les forêts et par les particuliers dans leurs jardins.
Du glyphosate a été retrouvé dans l'air, dans l'eau et dans la nourriture, selon l'IARC qui précise que la population générale est surtout exposée lorsqu'elle habite à côté de zones traitées. Cependant, les niveaux d'exposition observés sont "généralement bas".
L'IARC tient à rappeler que les risques cancérogènes du glyphosate et des insecticides malathion et diazinon sont à confirmer en ce qui concerne les cancers du sang (lymphomes non hodgkiniens). L'étude cite également le cancer de la prostate pour le malathion, qui continue à être utilisé de manière importante par les agriculteurs, et le cancer du poumon pour le diazinon, dont l'utilisation, limitée, est en baisse depuis les restrictions imposées en 2006 par les Etats-Unis et l'Europe.
Les risques cancérogènes restent à confirmer chez l'homme
Les risques ont été évalués en se fondant sur des études d'exposition agricole menées notamment aux Etats-Unis et au Canada, ainsi que sur des animaux en laboratoires. Mais l'IARC indique avoir également tenu compte des travaux de l'agence américaine de protection de l'environnement qui, après avoir classé le glyphosate comme "cancérogène possible chez l'homme" en 1985, était revenue en arrière en 1991. Pour l'IARC, il existe aujourd'hui "suffisamment de preuves de son caractère cancérogène à travers des expériences animales".
Le groupe Monsanto, qui fabrique le Roundup®, a exprimé le 20 mars son désaccord avec les conclusions de l'IARC, relevant que celles-ci n'étaient pas basées sur de nouveaux travaux de recherche ou de nouvelles données scientifiques. Les experts en toxicologie restent, quant à eux vigilants et divisés.
L'association française de défense de l'environnement "Générations futures" s'est pour sa part félicitée de la classification de l'IARC qui "reconnaît la dangerosité du glyphosate". Elle rappelle qu'elle avait lancé des procédures contre plusieurs herbicides à base de glyphosate en 2010 "sur la base d'inquiétudes sanitaires".
Source : Carcinogenicity of tetrachlorvinphos, parathion, malathion, diazinon, and glyphosate. K. Guyton et al. The Lancet Oncology, mars 2015. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S1470-2045(15)70134-8
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Toxicité du Roundup® : l'étude controversée du Pr Séralini
En 2012, le Pr Gilles-Eric Séralini lance un pavé dans la mare avec son étude sur la toxicité du Roundup® et d'un maïs OGM. Ces résultats, frappants, montrent des rats déformés par des tumeurs spectaculaires. Suite à de nombreuses critiques de la part de la communauté scientifique, l'article a été retiré en novembre 2013 des archives de la revue Food and Chemical Toxicity, qui avait estimé que les résultats ne permettaient finalement pas de conclure avec certitude. L'étude avait en effet été réalisée sur un trop petit nombre de rats, par ailleurs génétiquement enclins à développer spontanément les tumeurs observées. Le Pr Séralini a publié des résultats similaires, en juin 2014, sur la base de son ancienne étude et de nouvelles données statistiques.