Pollution : pourquoi les voitures les plus récentes sont-elles les plus polluantes ?
Associations et médecins pointent du doigt les technologies de dépollution des moteurs diesel ou essence qui s’avèrent particulièrement nocives pour la santé.
Alors que l'Etat et les collectivités territoriales doivent transmettre leurs feuilles de route pour la qualité de l'air dans quelques jours à la Commission européenne, associations et médecins regrettent la non prise en compte des nouvelles sources de pollution, en particulier celles liées aux nouvelles technologies. En matière automobile par exemple. Filtres à particules, moteurs hybrides, ou encore moteurs à injection directe… autant d’innovations technologiques qu’on pourrait penser vertueuses pour la santé publique. Mais loin s’en faut : elles produisent une pollution complexe qui touche tous les organes du corps. Petit tour d’horizon des coupables et de leurs méfaits :
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Les filtres à particules des moteurs diesel ? Ils sont à l'origine de nanoparticules qui s'infiltrent jusque dans nos cerveaux
Apparus il y a quelques années, les filtres à particules diesel étaient censés rendre l’air plus respirable dans un pays comme la France, qui a décidé il y a quelques années de miser sur le "tout diesel". Il s’avère qu’ils ont, au contraire, un effet pervers sur ce qui sort des voitures et se retrouve dans l’air que nous respirons. "Avant d’atteindre le filtre, les particules sont agrégées et donc un peu plus grosses. Le filtre va retenir les substances agrégeantes et les séparer en nanoparticules, qui ne sont pas toutes retenues, explique le Dr Gilles Dixsaut, médecin hospitalier, à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et Président du Comité de Paris contre les maladies respiratoires. "Avec le filtre, les voitures émettent des particules plus nocives. Ces filtres ont un effet contre-productif pour la santé publique." Contre ces nanoparticules (contrairement aux particules fines PM10 ou PM2,5, de diamètre plus large), nos bronches ne peuvent rien : elles s’infiltrent partout. Elles seraient même capable de passer directement de nos fosses nasales à notre cerveau et seraient susceptibles de causer des maladies neurodégénératives. "A l’origine, la pollution était un problème de pneumologues. Maintenant, elle concerne tous les organes et toutes les spécialités », constate le radiologue.
Rappelons que les particules émises par les moteurs diesel sont par nature très nocives pour notre santé. "Le centre de la particule est constitué de carbone pur, qui a peu d’effets sur la santé. Mais ce carbone est recouvert en surface par ce qu’on appelle des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui eux sont très nocifs, explique le Dr Thomas Bourdrel, radiologue et responsable de la question "santé et air" pour l’Association Santé Environnement France (ASEF). Les particules diesel sont classées comme cancérigène certain par l’organisation mondiale de la santé (OMS). Il est désormais bien établi qu’elles sont aussi très nocives pour le système cardiovasculaire et qu’elles sont capables d’aller affecter le poids de naissance des bébés lorsque les femmes enceintes y sont exposées.
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Les systèmes de dépollution ? Ils provoquent une augmentation des oxydes d'azote
Autre technologie à l’effet pernicieux sur les nouvelles voitures diesel : les système de dépollution des oxydes d’azote (NOX). Ces gaz émis par la circulation automobile sont les deuxièmes grands ennemis de la santé publique en matière de pollutions de l’air. "Les NOX ont une toxicité directe sur les poumons, qu’ils irritent, et ils favorisent les infarctus, rappelle le Dr Bourdrel. "Les NOX ont un pouvoir irritant qui se cumule avec celui des particules. Cela est nocif pour les asthmatiques, mais aussi les personnes saines, qui peuvent souffrir d’une irritation chroniques des voies respiratoires. Pas forcément symptomatique, mais qui peut évoluer", ajoute le Dr Dixsaut.
Pour limiter leur émission, les constructeurs ont commercialisé plusieurs systèmes de dépollution, qui reposent sur un système de catalyse. Là aussi, l’innovation est contre-productive. "Les pièges à NOX, ne fonctionnent que si le moteur est très chaud. Tous les moteurs qui circulent en ville n’ont pas le temps de chauffer et vont donc émettre une grande quantité d’oxydes d’azote. Et il y a une production, par réaction chimique dans le catalyseur, de particules secondaires : des particules de nitrate d’ammonium. »
A noter que les voitures diesel qui sortent des usines sont majoritairement équipées à la fois d’un filtre à particules et d’un système de dépollution des NOX…Le salut pourrait-il venir du biodiesel ? Non, à en croire le Dr Bourdel. "Il aboutit aussi à l’émission de particules nocives."
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Les moteurs essence à injection directe ? De grands pourvoyeurs de particules fines.
Encore un faux nouvel ami pour nos cœurs et nos artères. Dans les anciens moteurs, l’essence était mélangée à de l’oxygène pour qu’elle brûle mieux. La combustion était pratiquement complète, ce qui émettait très peu de particules ultrafines et nanoparticules dans l’air. Mais ça, c’était avant l’arrivée des moteurs à injection directe. Le mélange air / essence ne se fait plus et la combustion est désormais incomplète : les moteurs essences sont devenus des pourvoyeurs de particules ultrafines. "Les véhicules les plus récents produisent une pollution cachée. Les voitures essences nouvelle génération sont celles qui sont les plus polluantes en termes de pollution particulaire. Ce sont pourtant elles qui ont la vignette critère numéro 1", déplore le Dr Dixsaut. "La toxicité des particules essence est plus difficile à appréhender que celle des particules diesel, continue le Dr Bourdrel. Leur composition dépend du type d’essence. Mais une chose est sûre : elles se comportent de manière identique dans le corps et sont considérées comme cancérigène probable".
Bon point, en revanche, pour les voitures à essences : leur émission de NOX ont diminué.
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Les moteurs diesel hybrides : oubliez-les !
Pour le Dr Dixsaut, ces moteurs hybrides diesel sont aussi problématiques. "Les NOX vont aussi être dépollués par un système catalytique. Pour fonctionner, il doit atteindre une température de 200 degrés. Les véhicules hybrides voient leur moteur s’arrêter régulièrement en ville : le système catalytique ne sera quasiment jamais à la bonne température pour fonctionner."
Les nouvelles sources de pollution ne sont pas prises en compte par les autorités sanitaires. "On continue de se focaliser sur les PM10 et PM2,5 et d’ignorer les nanoparticules. Alors qu’elles représentent un problème majeur pour la santé publique. La pollution est, comme les voitures, de plus en plus technologique", déplore le Dr Dixsaut.