La peur de l'échec est-elle liée à notre société actuelle ?
Après plusieurs échecs lors d'entretiens d'embauche, j'ai développé un stress d'anticipation. Je suis dans tous mes états avant d'en passer. Que faire ?
Les réponses avec Charles Pépin, philosophe, écrivain :
"Ce stress et cet état sont liés à notre société actuelle qui a tendance à ne pas voir dans l'échec une expérience enrichissante, à ne pas voir dans l'échec une preuve d'audace, à ne pas voir dans l'échec une raison de ne pas répéter le même échec. Les personnes qui souffrent souffriraient moins si en France, on réussissait à changer de regard sur l'échec et à s'inspirer du modèle anglo-saxon ou scandinave selon lequel une personne qui a échoué est une personne qui a appris quelque chose qui va être l'occasion de sa réussite.
"Il faut arrêter de dire : c'est un échec ou c'est un succès. C'est plus complexe, parfois ce sont les deux en même temps. Au lieu de dire c'est un échec ou c'est un succès comme s'il y avait des critères objectifs dans la vie pour dire si une personne a réussi ou a échoué, il faudrait s'intéresser à ce qui est singulier et original. Est-ce que la manière dont on a échoué, est intéressante ou pas mais aussi est-ce que la manière dont on a réussi est intéressante ou pas.
"L'école française stigmatise beaucoup ceux qui ont échoué. À l'école, on oublie de chercher quand un élève a fait un devoir raté, ce qui est intéressant dans le ratage. On dit toujours qu'un devoir est raté car il y a un décalage à la norme. Mais si on prend plusieurs exemples de personnalités célèbres, il est très rassurant de se dire et de comprendre combien ces personnes ont échoué avant de réussir et tout ce qu'elles ont appris à l'occasion de leurs échecs."