"La ventoline n’est pas le meilleur dopant pour les sportifs"
Le cycliste Chris Froome a été contrôlé positif au salbutamol. Est-ce du dopage ? Les réponses du Dr Laurent Uzan, médecin du sport.
Le Britannique Chris Froome, quatre fois vainqueur du Tour de France, a été contrôlé positif au salbutamol, plus connu sous le nom de ventoline. Le code antidopage l’autorise, mais à un certain niveau seulement. Problème : le taux retrouvé dans les urines du cycliste est deux fois supérieur au seuil autorisé. Le Dr Laurent Uzan, cardiologue et médecin du sport, a répondu aux questions du Magazine de la Santé.
- Est-ce que l’asthme d’effort dont souffre Chris Froome est compatible avec une carrière sportive de haut niveau ?
Dr Laurent Uzan, médecin du sport : "Tout à fait. Chez les sportifs d’endurance, on peut ventiler de 150 à 200 litres par minute. Pour une personne normale, on est en-dessous de 100 litres par minute. Cette hyperventilation, associée à la pollution ou aux allergènes, va induire une hyperactivité des bronches. C’est la même problématique que pour l’asthme, et c’est la pratique du sport qui déclenche cette hyperventilation. C’est tout à fait compatible avec une carrière sportive ! Le problème, c’est qu’il faut traiter ces pathologies de façon efficace, notamment avec de la ventoline."
- Le salbutamol a également des effets dopants.
Dr Laurent Uzan, médecin du sport : "Ce n’est pas le meilleur dopant qui soit pour les sportifs. Il existe d’autres produits du même type qui ont pour effet de développer les masses musculaires. L’intérêt de la ventoline, c’est d’augmenter la capacité respiratoire. Il n’y a donc pas d’effet musculaire. La prise de ventoline, chez les sportifs, c’est un peu comme l’optimisation fiscale. On est à la limite de quelque chose qui est autorisé, et on peut parfois subir un redressement !"
- Mais pour basculer dans le dopage, il faut prendre 15 bouffées !
Dr Laurent Uzan, médecin du sport : "Chez les athlètes de haut niveau, les variations dans l’organisme sont importantes, notamment en ce qui concerne la déshydratation. C’est une des lignes de défense de Chris Froome, qui explique que vu l’effort qu’il a fourni, la déshydratation peut faire en sorte que la concentration de salbutamol qu’on a retrouvée dans ses urines ne correspond pas réellement à la dose qu’il a prise."