Chlamydia, syphilis... : la prise d'un antibiotique après un rapport sexuel protège-t-elle des IST ?
La prise de la doxycycline après un rapport sexuel réduirait fortement le risque d'infections sexuellement transmissibles d'origine bactérienne. Une étude rapporte que le danger serait diminué de plus de 60% pour la chlamydia et la gonorrhée.
Une étude, présentée lors de la Conférence internationale sur le sida, confirme l'intérêt d'un antibiotique pour prévenir certaines infections sexuellement transmissibles (IST) après un rapport sexuel non protégé. Son but était d'évaluer l'effet de la doxycycline sur la survenue d'infections bactériennes comme la syphilis, la chlamydia ou la gonorrhée. L'antibiotique devait être pris dans les 3 jours suivant le rapport à risque.
L'étude ciblait les personnes à haut risque incluant 390 hommes infectés par le VIH et 390 hommes sous PrEP. Ce traitement permet d’éviter une contamination en prenant un médicament avant (et après) un éventuel contact avec le VIH. Les scientifiques ont ensuite recherché la présence d'IST par prélèvements au niveau du rectum, du pharynx et dans les urines. Une prise de sang était effectuée pour détecter la syphilis.
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Des risques diminués
Conclusions : l'antibiotique a réduit de 66 % le risque de chlamydia et de gonorrhée chez les participants qui prenaient la PrEP, et de 62 % chez les participants atteints de VIH.
"Il n'y a rien de nouveau", s'exclame le Dr Benjamin Davido, infectiologue. "En 2018, le Pr Jean-Michel Molina avait déjà publié une étude sur la doxycycline pour contrecarrer l'augmentation des infections sexuellement transmissibles chez les hommes ayant des rapports avec des hommes."
L'étude du Pr Molina
avait montré une efficacité de la doxycycline sur la chlamydia et la syphilis mais
pas la gonorrhée. Ces résultats sont donc complétés par cette nouvelle étude.
Et l'antibiorésistance ?
La généralisation de
la prise de doxycycline questionne dans un contexte d'antibiorésistance
galopante.
De plus, la prise d'antibiotique n'est pas dénuée d'effets secondaires même si l'étude de 2022 relève une très bonne tolérance chez les participants.
Mais pour le Dr Davido, une question est au centre de la problématique.
Prévention et protection
"La PrEP ne protège que du VIH et on se rend compte que se débarrasser du préservatif n'est pas si simple que cela", estime le Dr Benjamin Davido. "On sait que certaines IST, si elles ne sont pas mortelles, peuvent avoir des conséquences graves comme une stérilité. Elles nécessitent des traitements ayant des effets secondaires. Le fait d'avoir une IST augmente aussi la probabilité de contracter le VIH car il y a une porosité de la muqueuse infectée."
L'impact de la PrEP sur l'augmentation des IST fait encore débat. Certains spécialistes estiment qu'elle augmente les comportements à risque tandis que d'autres pensent que cette donnée est bien antérieure à l'introduction de la PrEP et rappellent qu'un dépistage des IST est effectué tous les 3 mois chez les utilisateurs du traitement.
"Pour le Covid-19 comme pour le Monkeypox virus ou les IST, on voit bien
qu'il n'y a pas de solution miracle pour empêcher leur transmission",
constate le Dr Davido. "Il n'y a pas de mesure exclusive et unique pour lutter
contre une ou plusieurs IST".