Cocaïne, cannabis, héroïne... Pourquoi les drogues sont de plus en plus dangereuses
Concentration de THC plus importante pour le cannabis, cocaïne plus dosée... Ces 20 dernières années, la composition des drogues a beaucoup changé et les effets sur la santé des consommateurs sont plus néfastes. Au laboratoire de la police scientifique de Lyon, une équipe s’occupe spécifiquement d’analyser les saisies de stupéfiants.
Au laboratoire de la police scientifique de Lyon, les experts ne sont pas policiers, mais leur travail est primordial pour résoudre certaines enquêtes. Ils analysent méthodiquement la composition des stupéfiants, à commencer par le cannabis, qui représente plus de la moitié des échantillons saisis.
"On va déjà déterminer s’il y a bien du THC à l’intérieur de la plaquette, et, dans un deuxième temps, on va procéder au dosage pour voir la quantité de THC qu’on a dans la plaquette", explique Cyrielle, analyste au service national de police scientifique.
Un laboratoire qui autopsie les drogues
Le THC, est la principale molécule psychoactive du cannabis. Une fois échantillonnée, la résine est analysée par une machine, qui détermine ses composants. Le résultat est sans appel.
"En 2010, la teneur de THC dans les résines de cannabis était de 11,%. À partir de 2010, ça n’a fait qu’augmenter, ça a quasiment presque triplé sur les 20 dernières années", indique Céline cheffe de la section stupéfiants, au service national de police scientifique.
Les taux de THC explosent, l’explication se trouve à la source, au moment de la production.
"On choisit mieux les graines, les méthodes de culture ont été modernisées, ça a produit des plants qui ont un plus fort taux de THC", confie Céline.
Des produits plus purs et des effets plus importants
Pour la cocaïne, le constat est le même, les produits de coupage ont beaucoup diminué, la poudre est plus dosée, et donc plus pure. C'est une tendance qui se confirme à chaque analyse.
"Que ce soit cocaïne, héroïne, MDMA, résine de cannabis, c’est valable pour tous les produits. Ce qui veut dire que les effets sont plus importants, forcément et que les effets néfastes et négatifs du stupéfiant sont eux aussi augmentés", explique Céline.
Les stupéfiants activent dans le cerveau ce qui appelle le circuit de la récompense. A chaque prise, se libère un neurotransmetteur, la dopamine. La drogue, empêche la recapture de cette molécule.
En grande quantité, la dopamine procure la sensation de plaisir, et contribue à créer de la dépendance.
Des drogues de plus en plus dosées
Si les drogues sont de plus en plus dosées, cela n’est pas sans conséquences pour les consommateurs.
"Ce qui m’inquiète, dans cette question du danger des drogues de plus en plus dosées, c’est qu'il y a une toxicité forte, de ce fait, ça fait des troubles addictifs beaucoup plus sévères.
Le cannabis est un facteur d’aggravation voire de déclenchement des accidents psychiatriques, il y a des bouffées de panique, des troubles anxieux généralisés, un sentiment de déréalisation, des expériences délirantes aiguës, qui aggravent les maladies bipolaires, et tous les autres troubles”, conclut le Dr Xavier Laqueille, psychiatre addictologue au centre hospitalier Sainte-Anne à Paris.
L'autre inquiétude est l’apparition de produits dits adultérants dans certaines drogues. Des additifs censés augmenter les effets psychotropes, et dont la toxicité peut être très importante.