Comment la remédiation cognitive aide à vivre avec la schizophrénie
Pour aider les patients atteints de schizophrénie à mieux appréhender leur environnement et mieux vivre la maladie, il existe des ateliers de remédiation cognitive. Reportage au centre hospitalier Sainte‐Anne.
C’est au collège que les premiers symptômes de la schizophrénie ont surgi dans la vie d’Amin. Ce sont d’abord des sautes d’humeur qui le font passer d’une euphorie extrême à une grande tristesse. Mais ce sont surtout des voix, de plus en plus présentes dans sa tête.
"Ces voix me disent des trucs mauvais, des suggestions comme, frappe cette personne, pousse-la, brûle cette chose ou même des insultes envers moi-même, des choses comme tu n’es qu'une merde, tu n’arriveras à rien, vas-y tue-toi", explique Amin, 27 ans.
"Je me faisais du mal à moi-même"
Amin n’ose en parler à personne. "J'avais peur d'être fou donc je n’en parlais pas. J'ai essayé de tout contenir jusqu'à ce que ça explose. Par moments, je cassais des objets autour de moi, je me faisais du mal à moi-même", précise Amin.
À 22 ans, Amin rencontre enfin un psychiatre qui lui propose un traitement, les voix et les hallucinations s’estompent, mais certains troubles cognitifs subsistent.
"J’ai un peu l’impression que tout le monde est hostile. La colère, je la reconnais plus ou moins rapidement, mais je vais avoir un peu plus de mal avec d'autres émotions et je vais prêter de mauvaises intentions aux autres", commente Amin.
Une difficulté à interpréter les émotions
L’un des troubles cognitifs chez les personnes atteintes de schizophrénie est une difficulté à interpréter les émotions. Pour travailler sur ce point, toutes les semaines, Amin participe à un atelier avec d’autres patients atteints de troubles psychiques.
"La lecture des émotions n’est pas ce qu'il y a de plus simple, car je leur prête toujours de mauvaises intentions où j’ai toujours l’impression que les choses sont mauvaises. J'ai un filtre agression, j’ai du mal à reconnaître factuellement les émotions", confie Amin.
Au fur et à mesure que la psychologue fait défiler les photos du personnage, l’émotion réelle de celui-ci se dévoile. "Cet exercice montre que quand une émotion n’est pas poussée à l’extrême, il est difficile d'être certain de l’émotion dégagée par une personne", concluent les participants à l'atelier.
Améliorer les relations sociales
"Durant ce groupe, on leur donne des outils pour mieux détecter les émotions, pour mieux les exprimer. Par ailleurs, c’est à eux, entre les séances et après la fin du groupe, d’utiliser ces outils, ces stratégies qu'on travaille en séance pour améliorer leurs relations sociales et optimiser leur fonctionnement en société et dans le monde professionnel", explique la Dre Mona Moualla, psychiatre au service hospitalo-universitaire GHU Sainte-Anne.
Grâce à son parcours de soins, Amin a fait des progrès, il pourra commencer bientôt un diplôme de technicien supérieur en alternance.