Covid : et si on gardait le masque en intérieur pour protéger les plus fragiles ?
Depuis le 28 février, le masque n'est plus obligatoire dans les lieux clos soumis au pass vaccinal. Un assouplissement qui inquiète les personnes fragiles et leurs proches.
"Protégez-vous, protégez-nous !" Dans une campagne en ligne, l’association de malades du rein, Renaloo, appelle à garder le masque dans les lieux clos pour protéger les plus fragiles.
En effet, depuis le 28 février, le masque n’est plus obligatoire dans les lieux soumis au pass vaccinal. Fini le masque dans les musées, cinémas et restaurants. Un assouplissement qui inquiète les personnes fragiles, ainsi que leurs proches.
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#JeGarderaiMonMasque
Sur les réseaux sociaux, de nombreux tweets ont émergé avec le hashtag #JeGarderaiMonMasque, ou #OuiAuMasque.
Ce soir j’ai une pensée pour les immunodéprimés et les vulnérables au Covid pour la levée de l’obligation des masques dans les lieux soumis à pass.
— Sophie 💙💛 (@lalasosophie) February 27, 2022
Je sais votre inquiétude et votre angoisse pour la vivre aussi.
Prenez soin de vous. Prenez soin de nous.#OuiAuMasque
"Voilà c'est catastrophique, ma mère immunodéprimée a prévu de ne plus sortir", a ainsi tweeté cette semaine une chirurgienne. "On a tous une personne fragile dans notre entourage, jeune, diabétique. Ou autre. Arrêtons d'être égoïstes et de se rassurer en niant la réalité", a lancé un autre internaute.
Le "bas les masques est assez anxiogène pour les plus fragiles, là où les autres vont prendre avec allégresse cette liberté supplémentaire", a confirmé à l'AFP Etienne Klein, président de l'association Ellye, qui regroupe quelque 5.000 malades de lymphomes.
300.000 immunodéprimés en France
Mais pourquoi certaines personnes sont-elles plus fragiles que d'autres ?
Les immunodéprimés, c'est-à-dire les personnes dont le système immunitaire est affaibli, sont environ 300.000 en France. Parmi elles on retrouve des personnes greffées, dialysées, transplantées, atteintes de certains cancers ou prenant des traitements qui affaiblissent leur système immunitaire.
La vaccination est peu voire pas efficace chez ces patients, très à risque de développer une forme grave du Covid-19. Pour tenter d'éviter une contamination, ils doivent prendre des précautions maximales.
"Quand j'ai appris la nouvelle pour le masque, j'ai bondi dans mon fauteuil. Je me suis dit: encore une fois, on nous oublie. Nous sommes nombreux à lutter contre des cancers, mais nous sommes invisibles", raconte à l'AFP Joëlle Kerempichon, atteinte d'un lymphome, un cancer affectant les globules blancs, principales cellules du système immunitaire.
Inquiétude de la communauté scientifique
Ces critiques sont aussi le fait de chercheurs, comme l'épidémiologiste Dominique Costagliola qui a récemment jugé sur BFMTV/RMC que la fin du masque obligatoire envoyait "un message d'auto-isolement aux personnes les plus à risque" et témoignait "d'absence de solidarité".
Le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, chargé d'orienter l'action du gouvernement, a exprimé des inquiétudes pour les immunodéprimés.
"On peut craindre que ces personnes soient un jour ou l'autre les dernières à devoir porter un masque, ou encore à devoir rester en télétravail (pour motif médical), ce qui pourrait encore amplifier les risques de stigmatisation, voire de discrimination", a-t-il averti dans une note début février.
Le masque va-t-il vraiment disparaître ?
Malgré les craintes des personnes immunodéprimés, le gouvernement assume la fin de l'obligation, tout en estimant que le masque ne disparaîtra pas forcément pour autant.
"Peut-être que c'est un réflexe qu'un certain nombre de nos concitoyens prendront", comme les habitants de "pays d'Asie" qu'on "regardait avec des yeux un peu écarquillés parce qu'ils mettent le masque quand des épidémies apparaissent", a glissé mardi au Sénat le ministre de la Santé Olivier Véran.
Pour l’instant, le masque n’est plus obligatoire que dans les trains et dans les avions, en plus de l’obligation du pass vaccinal à bord.