Covid : vacciné et pourtant réinfecté, comment est-ce possible ?
Alors que la France vient de dépasser le seuil de 200 000 contaminations en 24h, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur l'efficacité du vaccin anti-Covid face au sous-variant BA.5. Pourquoi peut-on être réinfecté malgré un schéma vaccinal complet ? Le Dr Benjamin Davido, infectiologue vous répond.
Depuis plusieurs semaines, le nombre de cas de Covid-19 grimpe. Le dernier bulletin de Santé publique France fait état de 206 554 cas positifs en 24h. La septième vague épidémique est bien là : "nous enregistrons de l'ordre de 120 000 cas (par jour) en moyenne cette dernière semaine", a déclaré hier le ministre de la Santé François Braun.
Face à un virus qui "circule plus et plus vite, nous devons protéger la population et veiller au retentissement de cette reprise sur le système de santé", a-t-il plaidé. Parmi ces cas, de nombreuses personnes sont réinfectées malgré un schéma vaccinal complet.
Le vaccin anti-Covid face aux sous-variants
Les sous-variants BA.4 et BA.5 contournent le système immunitaire. "Ils ont un très fort pouvoir de neutralisation des anticorps", explique le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Cela signifie que l’on peut être infecté plusieurs fois au Covid-19, même avec un schéma vaccinal complet. "On peut se réinfecter avec les sous-variants BA.4 et BA.5 alors qu'on a déjà fait une infection à BA.2", appuie l'infectiologue.
L’immunité procurée à la fois par le vaccin et par une précédente infection, ce que l’on appelle l’immunité hybride, ne suffit pas face aux nouvelles mutations. "C’est comme si vous aviez un trousseau de clés et que le virus modifiait la serrure. Sur toutes les clés qui permettaient d’ouvrir la serrure, il ne vous en reste que quelques-unes qui rentrent". Tous les anticorps ne peuvent donc pas s’accrocher au virus pour le combattre.
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Une situation inédite
Le sous-variant BA.5 est "un savant mélange entre Omicron et Delta", précise le Dr Davido. À la différence des autres variants, les professionnels constatent qu’il y a de moins en moins de personnes asymptomatiques. De plus, "les atteintes ne sont plus uniquement d’ordre respiratoire mais également neurologique : certains patients arrivent confus, désorientés, depuis BA.2", explique-t-il.
"Le virus du Covid-19 est sournois. Ces nouveaux sous-variants nous placent dans une situation similaire à celle du virus de la grippe, qui mute chaque année", indique l’infectiologue. À la différence que la grippe sévit principalement en hiver. "On n’a jamais mené une politique de santé publique en été et en plus, le Covid-19 est une maladie imprévisible", déplore le Dr Davido.
Quelles solutions ?
"Le virus va très vite. Cela ne veut pas dire que les vaccins ne sont pas efficaces", tient à rappeler le Dr Benjamin Davido. Ils protègent des formes graves. Simplement, leur efficacité est altérée face aux mutations du virus. À l’avenir, "il y aura peut-être d’autres variants, plus sévères", avertit l’infectiologue. D'autant plus que les variants sont de plus en plus contagieux.
"Il faut donc des nouveaux vaccins", assure-t-il. Les laboratoires, comme Pfizer et Moderna, travaillent sur des mises à jour de leur vaccin. Pour l’instant, ils ciblent le sous-variant BA.1. "Même si ces vaccins seront efficaces dans une certaine mesure contre les sous-variants plus récents comme BA.4 et BA.5, ils resteront toujours moins efficaces qu’un vaccin qui les ciblerait spécifiquement", explique le Dr Benjamin Davido.
En France, le sous-variant BA.5 est largement majoritaire, il représente près de trois quarts des contaminations.