Dépression, anxiété... Les personnes infectées par le Covid-19 sont plus exposées aux troubles mentaux
Des troubles mentaux peuvent survenir plusieurs mois après une infection par le Covid-19. Ce risque concerne tous les patients, y compris ceux qui n'ont pas fait de formes graves.
"Les personnes atteintes de Covid-19 présentent des risques accrus de troubles de la santé mentale." Voici les conclusions inquiétantes rapportées par des médecins de l’université de Washington, de Saint-Louis.
Dans leur étude publiée dans le British Medical Journal, ces chercheurs américains ont analysé les données de plus de 150 000 patients infectés et ils les ont comparé avec les données de patients jamais infectés. Ils ont ensuite observé la survenue de troubles mentaux dans l’année suivant l’infection.
Anxiété, dépression, addictions…
Après une infection par le coronavirus, les personnes sont à risque de développer des troubles mentaux variées, rapportent les auteurs de l’étude : dépression (+40 % de risque), troubles anxieux (+ 35 % de risque ) stress, addictions (drogues, alcool, consommation de somnifères … ), et idées suicidaires.
Mais la liste ne s’arrête pas là : un déclin cognitif (comme des pertes de mémoire, des problèmes de langage, manque de concentration etc…) et troubles du sommeil (+ 41 % de risque ) peuvent aussi survenir.
Dans l'ensemble, l'étude a révélé que les personnes atteintes de Covid-19 étaient 60 % plus à risque de souffrir de problèmes de santé mentale que celles qui n'étaient pas infectées.
Risque accru même en l'absence de Covid grave
Autre fait important : des personnes qui n’avaient pas eu de formes graves de Covid (et qui n’ont pas eu besoin d’être hospitalisés) peuvent aussi souffrir de troubles mentaux, insistent les auteurs.
Mais, le risque de développer un problème de santé mentale était plus important chez les personnes ayant été hospitalisées pour une infection aiguë, que chez les personnes infectées par le Covid mais non hospitalisées.
Les limites de cette étude
En pratique que faut-il en penser ? Cette étude présente des limites. En effet, les données analysées dans ces travaux de recherche sont issues du "registre des vétérans" aux Etats-Unis. Les patients pris en compte sont donc majoritairement des hommes, en moyenne âgés de 60 ans, ce qui n’est pas applicable au reste de la population. De plus, si le nombre des maladies mentales ont été analysées, la sévérité de chacune de ces maladies n'a pas été évaluée.
Enfin, depuis l’étude qui avait débutée en mars 2020, la pandémie continue d’évoluer. Émergence de variants, augmentation des vaccinations… ces facteurs modifient le taux des infections, et cela pourrait donc changer le risque de survenue de maladie mentale à long terme.
Vigilance après une infection
Plus de 350 millions de personnes dans le monde ont été infectées par le virus depuis le début de la pandémie. Par conséquent, le risque de troubles mentaux pourrait "potentiellement" toucher "un grand nombre de personnes" : "14,8 millions de personnes" pourraient être atteintes, estime le Dr Ziyad Al-Aly dans un communiqué. Et c’est sans compter toutes celles qui souffrent en silence et ne sont pas prises en charge, en raison d’une stigmatisation de la santé mentale ou d'un manque d’accès aux soins.
Le risque sur la santé mentale, même s’il est peut être sur- ou sous-évalué, ne doit pas être négligé. Les résultats de l’étude doivent être utilisés "pour promouvoir la prise de conscience du risque accru de troubles mentaux chez les personnes ayant été infectées" et prendre en compte les "soins de santé mentale" en tant que "composante essentielle de la stratégie de soins" après une infection au Covid-19, concluent les auteurs.
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