Le glyphosate, classé non cancérogène par une agence européenne
Selon l’Agence européenne des produits chimiques, le glyphosate est toxique pour les milieux aquatiques et peut provoquer des lésions aux yeux. En revanche, l’agence ne le classe pas comme étant cancérogène. Les associations déplorent cette décision.
L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a maintenu la classification actuelle du glyphosate, herbicide controversé. Il est considéré comme toxique pour la vie aquatique et pouvant provoquer des lésions oculaires. Mais il n’est toujours pas classé comme étant cancérogène. "Après un examen approfondi des preuves scientifiques, le Comité conclut une nouvelle fois qu'un classement du glyphosate comme cancérogène n'est pas justifié", soutient l’ECHA. La position de l’agence reste donc inchangée depuis 2017.
Pour les associations, le combat continue
Cette conclusion est rejetée par les associations qui luttent contre le recours au glyphosate. Peter Clausing, toxicologue et membre de la coalition d'ONG Ban Glyphosate, dénonce : “Afin de parvenir à sa conclusion, l'ECHA a dû rejeter les découvertes sur les tumeurs observées dans cinq études de cancérogénicité chez la souris et sept études chez le rat".
Le toxicologue va plus loin et remet en cause le travail de l'ECHA. "L'ECHA a non seulement violé les bonnes pratiques scientifiques, mais aussi ses propres lignes directrices et même la réglementation européenne. De plus, afin de parvenir à sa conclusion, l'ECHA a dû rejeter (ou ignorer) un grand nombre de preuves à l'appui provenant d'une variété de publications révisées par des pairs nouvelles et déjà existantes. Cela comprend notamment des études en laboratoire décrivant le mécanisme cancérogène du glyphosate, ainsi que des études épidémiologiques faisant état d'un risque accru de dommages à l'ADN et de cancer chez les personnes exposées au glyphosate.”
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Un "cancérogène probable" pour le CIRC
Nadine Lauverjat, déléguée générale de Générations Futures – association membre de Ban Glyphosate –ajoute : “Il est décevant de constater que l’ECHA donne plus de poids aux études industrielles qu'aux résultats académiques. Notre leitmotiv : exposer le moins possible les personnes à des substances nocives. Il faut protéger les personnes, les agriculteurs”. En France, actuellement, la détention et l’utilisation de glyphosate sont interdites pour les particuliers et les collectivités publiques.
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé le glyphosate en mars 2015 comme étant "cancérogène probable" pour les humains.
Les associations comptent désormais sur l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui a demandé une année supplémentaire pour étudier l’ensemble des études sur le glyphosate. Ensuite, au vue des évaluations, la Commission européenne décidera de la prolongation ou non de l’autorisation délivrée à l’herbicide dans l’Union Européenne.