Puberté précoce : d'étonnantes disparités régionales
Pour la première fois, une étude mesure l'incidence de la puberté précoce chez les filles de moins de 8 ans et les garçons de moins de 9 ans en France. Les chiffres sont très variables d’une région à l’autre. Le lien avec les perturbateurs endocriniens est jugé "plausible".
Des seins qui poussent, des poils pubiens qui apparaissent, un volume testiculaire qui augmente… ce sont les premiers signes de l’entrée dans la puberté. Lorsqu’ils se manifestent vers l’âge de 10 ans, rien d’anormal, mais s’ils surviennent avant 9 ans on parle alors de puberté précoce. Une puberté précoce qui selon l’étude menée par Santé publique France a touché dix fois plus de filles : 3.519 contre 350 petits garçons, entre 2011 et 2013. Ce qui n’est évidemment pas sans conséquences pour les enfants.
"Si les premiers signes apparaissent à 8 ans, la jeune fille va être réglée vers l’âge de 10 ans, mais si les premiers signes apparaissent vers l’âge de 4 ans, elle va être réglée vers l’âge de 6 ans. Donc on comprend bien qu’il y a un impact psychologique majeur sur la maturation psycho-affective de ces petites filles", explique Dr Gianpaolo De Filippo, endocrinologue-pédiatre à l’hôpital Bicêtre (AP-HP). "Pour les garçons, si on commence une puberté à 9 ans, vers l’âge de 13-14 ans on a déjà l’aspect d’un adulte sur le plan des facteurs sexuels secondaires : la barbe, le comportement, le ton de la voix. Cela a un impact aussi majeur sur la taille finale. Plus on commence petit, plus la taille est impactée, parce qu’on fait ce qu’on appelle le pic de croissance pubertaire en avance et donc à la fin on perd des centimètres sur la taille finale", poursuit-il.
Autre révélation surprenante de cette étude : si ces cas de puberté précoce sont présents sur tout le territoire, ils sont bien plus fréquents pour les filles comme pour les garçons dans deux régions françaises : Midi-Pyrénées, autour de Toulouse, et Rhône-Alpes, autour de Lyon. Il est difficile aujourd’hui de trouver une explication, même si certaines études pointent les perturbateurs endocriniens : "Il y a des études, menées depuis pas mal de temps, qui montrent la présence de plusieurs substances chimiques, des perturbateurs endocriniens, dans le sang et dans les cheveux de ces patients-là, c’est peut-être une piste pour essayer de trouver une explication", estime Dr Gianpaolo De Filippo.
Selon Santé publique France, il est désormais urgent de s’intéresser davantage aux pollutions industrielles et chimiques afin de déterminer avec certitudes les facteurs qui favorisent ces pubertés précoces. En attendant, pour les enfants concernés, l’urgence reste le diagnotic, afin qu'ils soient pris en charge le plus tôt possible et recoivent les traitements appropriés, leur permettant de grandir à un rythme normal.