L'hyperactivité liée à un risque de mort précoce
Les personnes atteintes de troubles de l'attention ont, au moins, deux fois plus de risques de mourir avant 32 ans que le reste de la population. Les accidents sont la cause principale de ces décès, le TDAH étant connu pour favoriser les comportements à risque. Les femmes et les malades dépistés tard sont particulièrement exposés.
Pendant 32 ans, des chercheurs danois ont suivi près de 2 millions de Danois dont 32.000 atteints de TDAH (Trouble de l'attention avec hyperactivité), depuis leur naissance jusqu'en 2013. Parmi eux, 107 personnes atteintes de TDAH étaient décédées prématurément, soit deux fois plus que dans la population témoin. Sur les 79 décès dont les causes étaient connues, plus de la moitié (42) avaient été provoqués par des accidents, selon l'étude publiée le 26 février dans la revue britannique The Lancet. Le déficit de l'attention est connu depuis de nombreuses années pour favoriser les conduites à risque chez les malades.
L'étude montre également que le risque de décès prématuré était davantage accru chez les femmes (multiplié par 2,8), sans expliquer pourquoi. L'âge de diagnostic est aussi un facteur important puisque le risque de mort prématurée est multiplié par quatre pour les personnes diagnostiquées après 18 ans, alors qu'il est seulement doublé chez ceux dépistés avant l'âge de 6 ans. Le risque était aussi fortement amplifié pour les patients atteints à la fois de TDAH et de troubles du comportement ou de troubles liés à l'usage de substances psychotropes. Ces personnes ont huit fois plus de risque de mourir avant 32 ans que le reste de la population.
L'importance du diagnostic précoce
Stephen Faraone, professeur de psychiatrie à New York, rassure les parents, en soulignant que le risque de décès prématuré observé chez les patients atteints de TDAH peut être "fortement réduit" grâce à la prise en charge des troubles, qu'elle soit médicamenteuse, psychologique ou sociale.
"Notre étude montre l'importante d'un diagnostic précoce ainsi que la nécessité de traiter les troubles associés", souligne le Dr Soren Dalsgaard de l'Université danoise d'Aarhus qui a dirigé l'équipe de recherche. L'étude est publiée alors qu'une polémique continue d'enfler dans plusieurs pays dont les Etats-Unis sur le surdiagnostic et le surtraitement médicamenteux des patients atteints de TDAH. Mais la situation en France est radicalement différente, puisque seuls 5% des enfants atteints de ces troubles sont traités par des médicaments, contre 10% des enfants américains de dix ans.
Source : Mortality in children, adolescents, and adults with attention deficit hyperactivity disorder: a nationwide cohort study. S. Dalsgaard, S. Dinesen Øtergaard, et al. The Lancet, février 2015. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(14)61684-6
En savoir plus sur le TDAH :
La difficulté de poser un diagnostic
Repérer un "TDAH", un trouble connu depuis une vingtaine d'années, est une chose compliqué puisque ce trouble recouvre trois symptômes différents qui peuvent coexister à des degrés divers : un manque d'attention, une agitation incessante et une impulsivité. En France, La Haute Autorité de Santé (HAS) estime que 3 à 5% des enfants pourraient être touchés. Le diagnostic est posé en moyenne vers l'âge de 10 ans.