"Les personnes dyslexiques ont également le droit d'accéder à l’information"

Un jeune doctorant français a développé une initiative pour rendre Internet lisible par tous. Il a reçu le soutien d’une société spécialisée dans l’aide aux personnes dyslexiques.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Un enfant devant un écran, sur lequel s'affiche un texte mis en page afin de favoriser l'exercice de la lecture. (image d'illustration)
Un enfant devant un écran, sur lequel s'affiche un texte mis en page afin de favoriser l'exercice de la lecture. (image d'illustration)

Vulgariser l’information, c’est très bien. Ne pas « laisser sur la touche » une partie de ceux qui cherchent à s’informer, c’est beaucoup mieux.

Fréquemment concernées par des difficultés à retranscrire certains sons à l'écrit, difficulté que rencontrent plus de 60% des enfants dyslexiques, les personnes dyslexiques peuvent aussi rencontrer des problèmes liés à la pratique de la lecture. Dans ces situations (dites de “dyslexie visuo-attentionnelle”), les lecteurs sont souvent contraints à déchiffrer les textes qui se présentent sous leurs yeux : certains doivent faire beaucoup d’efforts pour distinguer des lettres trop semblables (d et b, a et o…), d’autres peinent à enchaîner les lignes d’un texte lorsqu’elles sont trop serrées, etc.

Il est désormais démontré que la lecture peut être très significativement améliorée en recourant à des polices de caractères accentuant les différences entre des lettres graphiquement proches, ou grâce à certaines astuces de mise en page (espacement entre les mots, les lettres ou les lignes). Plusieurs maisons d’éditions publient des livres intégrant ces divers principes, afin de favoriser l’inclusion d’un plus grand nombre de personnes.

Une extension gratuite pour dissiper le brouillard des mots

Mais toutes les personnes dyslexiques n’éprouvent pas les mêmes difficultés face à un même texte. De même, les solutions efficaces pour les uns ne le sont pas forcément pour les autres, quand bien même ils présenteraient des troubles semblables.

Partant de ce constat, Paul Gosselin, jeune doctorant en électronique – par ailleurs blogueur féru de vulgarisation scientifique – a développé sur son temps libre un programme informatique d’une ingéniosité remarquable, à destination des personnes souffrant de dyslexie.

Il s’agit d’une extension gratuite pour les navigateurs internet Firefox et Chrome, qui permet d’adapter automatiquement la mise en page de n’importe quelle page web selon des critères définis au préalable, en quelques clics. Chacun fait selon ses besoins ! "Choix des polices, modification des espacements entre les lettres et les mots, distinction des lignes, mise en couleur des syllabes, des sons...", tout est personnalisable selon ses besoins, expliquait-il début mai, en dévoilant la première version de son projet, baptisée "DysAide".

L'utilisateur peut associer une couleur de son choix à chaque son, à moins qu'il ne préfère lui attribuer un attribut typographique spécifique (gras, italique, souligné).


L’utilisateur peut notamment choisir sa police (parmi 6 disponibles), l’espacement entre les caractères, ainsi que celui entre les lignes (qui peuvent également être colorées, pour faciliter le suivi de la lecture).

Une équipe de “pros” pour pérenniser l’initative

S’agissant d’une initiative bénévole, le jeune développeur regrettait toutefois de ne pouvoir garantir "à coup sûr" une mise à jour sur le long terme. Son projet a attiré l’attention d’AidOdys, petite structure développant des solutions informatiques très complètes (payantes) pour les établissements scolaires et les particuliers – dont une extension très proche du projet du jeune doctorant.

Afin de garantir la visibilité et la pérennité de son projet “libre”, Paul Gosselin a remis son projet dans les mains d’AidOdys, à la condition expresse que le programme reste 100% gratuit. “Le plus important pour moi est que cette offre gratuite existe, à côté des nombreuses offres payantes proposées par ailleurs – et qui, soyons clairs, ont toute leur légitimité, car elles impliquent un travail plus conséquent que le mien, sans compter les serveurs informatiques, le droit d’utilisation des logiciels de reconnaissance automatique de textes, etc.”

"Ma motivation, en tant que blogueur, est de rendre accessible au plus grand nombre une information scientifique juste et complète", nous explique Paul Gosselin. "Cette extension d’aide à la lecture pour personnes atteintes de troubles « dys » s’inscrit dans la même logique : rendre l’information la plus accessible possible au plus grand nombre".

"Internet permet d’accéder à une quantité phénoménale d’informations, mais nous ne sommes pas tous égaux devant ce potentiel. On peut réduire cette inégalité, au moins concernant les personnes dyslexiques, grâce au support numérique, ou le lecteur peut adapter la mise en page à ses besoin. Lire une page Wikipédia ne doit pas être un obstacle ou une souffrance lorsque l’on peut l’éviter."

la rédaction d’Allodocteurs.fr

Voir également : la présentation détaillée du projet AidoDys sur le blog de Paul Gosselin.