La grossesse peut être menée à terme malgré un cancer ?
L'équipe du Pr Philippe Morice, chirurgien gynécologique à l'Institut de cancérologie Gustave-Roussy (IGR) a coordonné pour la revue The Lancet, un dossier sur la prise en charge des femmes enceintes atteintes d'un cancer. Désormais, la grossesse n'a plus besoin d'être systématiquement interrompue.
Dès 2007, la France a été le premier pays au monde à publier des référentiels de bonnes pratiques sur la prise en charge des cancers du col de l'utérus, de l'ovaire et du sein pendant la grossesse. L'Institut Gustave-Roussy (IGR) étant l'un des trois centres français de référence dans ce domaine, l'équipe du Pr. Philippe Morice, chirurgien gynécologique, a été choisie par The Lancet pour coordonner un dossier sur "Cancer et grossesse".
"Les décisions concernant le meilleur traitement du cancer chez une femme enceinte sont souvent difficiles, car elles relèvent parfois d'un conflit entre le bien-être de la mère en lui offrant les mêmes chances de guérison que (…) si elle n'était pas enceinte et celui du fœtus, en préservant la grossesse", présente le chirurgien.
Plus spécifiquement, son équipe a rédigé l'article sur les cancers gynécologiques. Les éléments clefs des arbitrages y sont résumés. Pour un cancer du col de l'utérus par exemple, le traitement peut attendre l'accouchement en cas d'un diagnostic précoce. S'il est plus tardif, la grossesse ne peut pas toujours être préservée lorsqu'une radiothérapie et une chimiothérapie s'imposent.
Lorsque l'ovaire est touché, tout dépend de la nature du cancer, de son étendue et du terme de la grossesse. La chimiothérapie ne peut pas être utilisée avant la huitième semaine de grossesse car elle entraine des dommages sur le fœtus, mais les données scientifiques suggèrent qu'elle pourrait être utilisée durant le deuxième et le troisième trimestre sans provoquer d'anomalie congénitales.
"Les données sur les effets de l'exposition des fœtus ou des nouveaux-nés à la chimiothérapie sont rares. Des grandes séries sont attendues, notamment pour évaluer les effets à long-terme de ces traitements", explique le Pr. Morice. Il reste donc à poursuivre les travaux dans ce domaine, mais les équipes insistent d'ores et déjà sur les progrès réalisés qui permettent de ne plus considérer le cancer pendant la grossesse comme une "fatalité".
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