Donneuses d’ovocytes : on a besoin de vous !
En France, pour aider les couples infertiles, les centres de PMA auraient besoin de 1.400 dons d’ovocytes par an. Près du double du nombre de dons récoltés en 2016.
"Plus de 3.000 couples concernés par une infertilité médicale s’inscrivent chaque année pour bénéficier d’un don d’ovocytes ou de spermatozoïdes", indique l’Agence de la biomédecine, qui a lancé une campagne de sensibilisation jusqu’au 18 novembre. En effet, il faudrait atteindre l’objectif de 1.400 dons d’ovocytes par an pour aider l’ensemble de ces couples, mais seules 746 femmes ont donné en 2016.
© MSD
Parmi les freins au don d’ovules, il y a la lourdeur du traitement hormonal. "Pendant 10 ou 12 jours, la femme a des injections quotidiennes sous-cutanées. Elle a également trois ou quatre contrôles échographiques. Ensuite, la ponction a lieu au bloc par voie vaginale, c’est donc une procédure chirurgicale" précise le Pr Michaël Grynberg, chef de service en médecine de la reproduction à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart et engagé dans la campagne. Les gamètes ainsi récoltées sont ensuite vitrifiées dans de l’azote liquide à –196°.
Les femmes ont peu d’informations sur le sujet
Mais c’est aussi la méconnaissance de cette technique qui empêche les femmes de donner. "79% des femmes en âge de donner se disent mal informées", et "31% des répondants ne savent pas que le don d’ovocytes est autorisé en France", note l’Agence de la biomédecine, qui a réalisé un baromètre sur le sujet. "Les campagnes de publicité n’ont pas touché beaucoup de personnes", ajoute le Pr Grynberg. Autre facteur de blocage : l’impression qu’on donne une partie de soi, qui s’évapore "quelque part dans la nature", ressentie par 42% des femmes.
La campagne de l’Agence de bioéthique met donc l’accent sur l’altruisme et l’empathie avec les couples infertiles. De ce point de vue, les chiffres sont d’ailleurs assez encourageants : "Presque une personne sur deux se disent prêtes à donner des ovocytes ou des spermatozoïdes, motivées par un sentiment de solidarité vis-à-vis des couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants."
Les 18-24 ans semblent d’ailleurs plus touchés par cette problématique que le reste de la population, puisqu’ils sont 55% à se dire "prêts à donner". Une tendance encourageante pour le Pr Grynberg, qui déplore néanmoins un manque d’altruisme typiquement français, notamment par rapport aux pays limitrophes. "C’est comme avec le don d’organes : la culture du non-don est très présente", constate-t-il.