PMA élargie : risque de pénurie de dons de sperme selon un expert
Ce mardi 12 septembre, le gouvernement a annoncé que la procréation médicalement assistée serait étendue aux femmes célibataires et aux couples lesbiens. Le médecin Fabrice Guérif souligne ce "progrès" mais craint que cela ne conduise à une "pénurie de dons de sperme" en France.
PMA pour tous égale problème pour tout le monde ? C'est ce que croit le professeur Fabrice Guérif, qui estime que la France risque d'être confrontée à "une pénurie de dons de sperme" avec l'ouverture à toutes les femmes de la procréation médicalement assistée (PMA). La secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a annoncé mardi que l'accès à la PMA, actuellement réservé au traitement de l'infertilité chez les couples hétérosexuels, sera étendu aux femmes célibataires et aux couples lesbiens "probablement" en 2018 "avec les révisions de la loi bioéthique".
Pour le professeur Guérif, co-président de la 22e Journée de la Fédération Française d'Etude de la Reproduction qui se déroule à Tours, et praticien au CHU Bretonneau de Tours dans le service Biologie et médecine du développement et de la reproduction, gynécologie médicale, "il s'agit d'un progrès si les femmes célibataires et lesbiennes ont droit à la procréation médicalement assistée, mais nous risquons la pénurie de dons de gamètes (gratuits et anonymes en France)". Dans le cadre restreint actuel, "3.000 couples seraient en attente. Rien qu'à Tours, un couple hétérosexuel doit attendre de douze à quinze mois en moyenne pour bénéficier d'un don de sperme", a souligné le praticien.
Cela peut remettre en cause le principe de la gratuité du traitement, selon des experts présents à Tours, qui relèvent que le coût d'une insémination artificielle en Espagne est estimé entre 800 et 1.500 euros.
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Les 22e Journées de la Fédération Française d'Etude de la Reproduction ont réuni de mercredi à vendredi à Tours plus de 600 experts (gynécologues, biologistes, endocrinologues, urologues, andrologues et chercheurs) pour échanger sur les dernières avancées et les meilleures pratiques.
L'un d'eux, le professeur Belge André Van Steirteghem a cependant fait remarquer qu'il n'y a "jamais eu de pénurie de dons de gamètes" en Belgique, pays où "l'insémination artificielle avec spermes de donneurs" est pratiquée "depuis les années 1980". "Aujourd'hui, des femmes lesbiennes viennent encore en grand nombre de France", a-t-il ajouté.
Celui qui codirigeait le Centre de médecine de la reproduction de l'Université libre de Bruxelles, où a été inventée la technique de fécondation assistée, a qualifié l'ouverture de la PMA en France à toutes les femmes d'"heureuse nouvelle", jugeant que "le fait d'être autre qu'hétérosexuelle doit être accepté".
Avec AFP