PMA pour toutes : y a-t-il un risque de pénurie de dons de sperme ?
L’ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires et aux couples de femmes fait craindre un manque de dons de gamètes.
C’était une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron… l’ouverture de la PMA à toutes les femmes hors indication médicale devrait figurer dans le projet de loi sur la bioéthique présenté avant fin 2018. Mais les spécialistes s’inquiètent de savoir s’il y aura suffisamment de dons de spermatozoïdes pour répondre à toutes les demandes.
Déjà aujourd’hui, alors que la PMA est réservée uniquement aux couples hétérosexuels infertiles, la demande de gamètes est largement supérieure à l’offre. C’est surtout pour les dons d'ovocytes que l'on frôle la pénurie. Mais pour les dons de spermatozoïdes, la situation est tendue aussi. Selon l’Agence de la biomédecine, il manque aujourd’hui 300 dons de sperme par an pour pouvoir répondre à toutes les demandes de couples infertiles. Résultat : pour avoir accès à un don, il faut patienter entre 13 et 24 mois. Si la législation évolue, cela risque de rallonger les délais d’attente.
Comment convaincre le public de donner ses gamètes ?
Depuis plusieurs années, l’Agence de la biomédecine réalise des campagnes de sensibilisation sur ce sujet. Des nouvelles mesures ont également été prises pour susciter la générosité du public. Depuis 2016, les hommes et les femmes n’ayant pas eu d’enfants peuvent donner leurs gamètes alors qu’avant seuls ceux qui avaient déjà eu des enfants pouvaient donner. Mais les chiffres n’ont pas vraiment décollé.
Il faut dire que le don de gamètes est un don particulier, qui n’a rien à voir avec un don de sang par exemple. Quand on donne son sperme, au final il y aura un enfant dont une partie de la personnalité et des caractéristiques physiques sera déterminée par les gènes que l’on a transmis.
Quelles sont les solutions pour éviter la pénurie de dons de sperme ?
Si la pénurie s’aggrave, les délais d’attente pour les couples infertiles risquent d’augmenter. Par conséquent, quand les femmes pourront faire leur FIV, elles seront plus âgées or on sait que l’âge peut diminuer les chances de succès de cette procédure. Faudrait-il dès lors donner la priorité aux couples hétérosexuels et créer deux listes d’attente ? Cela paraît douteux d’un point de vue constitutionnel et éthique aussi. L’autre option pour avoir plus de donneurs, serait de les rémunérer comme en Espagne ou au Danemark. Mais il semble très compliqué de remettre en question la gratuité, qui est un des fondements de la bioéthique à la française.