Testicules français et pizzas italiennes à l’honneur des IgNobel 2019
Un mois avant les Nobel, les IgNobel viennent de récompensé les recherches scientifiques les plus absurdes. La différence de température entre testicules droite et gauche et les bienfaits de la pizza italienne ont notamment été primés.
Avant les Nobel, les IgNobel. Comme chaque année depuis 1991, les prix des travaux absurdes ou loufoques sont remis un mois avant la cérémonie des Nobel. Le principe : récompenser les auteurs des recherches scientifiques les plus surprenantes qui font "d’abord rire, puis réfléchir". La 29e cérémonie des IgNobel (contraction de "ignoble" et de "Nobel") s’est tenue le 12 septembre 2019 sur le campus de l’université américaine de Harvard.
A lire aussi : Le Nobel de… l'absurde
Grands gagnants de cette édition, dans la catégorie "Anatomie" : deux chercheurs du groupe de Recherche en Fertilité Humaine à l’université de Toulouse III - Paul Sabatier, Roger Mieusset et Bourras Bengoufida pour leurs travaux publiés en 2007 dans la revue Human Reproduction[1] portant sur la température des testicules.
Le testicule gauche plus chaud que le droit
Ces travaux sont partis de deux constats : tout réchauffement des parties génitales masculines peut entraîner une baisse de la fertilité et il apparaît que les températures des deux testicules ne sont pas toujours égales.
Les chercheurs toulousains s’étaient alors attelés à mesurer toutes les deux minutes, au moyen d’un thermomètre cutané, la température des testicules de 30 hommes habillés ou nus : huit pères nus puis habillés dans différentes positions, 11 postiers habillés et travaillant debout et 11 conducteurs de bus habillés et travaillant assis. Résultat : lorsqu’ils étaient habillés, tous ces hommes présentaient une asymétrie de température au niveau du scrotum : le testicule gauche était plus chaud que le testicule droit.
Comment expliquer cette observation ? Les lauréats de l’IgNobel rappellaient déjà dans leur publication que le pénis est positionné du côté gauche dans 89% des cas et que le volume du testicule gauche est 7 à 10% inférieur au droit. Autres facteurs à prendre en compte : une éventuelle asymétrie du flux sanguin du scrotum et des récepteurs de chaleur cutanés. "D’un point de vue pratique, il semblerait nécessaire, dans l’état actuel des connaissances, de mesure la température scrotale droite et gauche dans toutes les études expérimentales ou épidémiologiques portant sur la relation entre la température scrotale et la spermatogenèse (processus de production des spermatozoïdes, ndlr) ou la fertilité » concluaient les chercheurs.
La pizza italienne "contre la maladie et la mort"
Dans un tout autre domaine, les IgNobel de médecine ont récompensé Silvano Gallus, chercheur à l’institut de Recherche Pharmacologique de Milan, en Italie, pour trois études publiées en 2003[2], 2004[3] et 2006[4] portant sur les bienfaits de la pizza italienne. Le prix lui a été décerné pour avoir "réuni les preuves que la pizza pouvait protéger contre la maladie et la mort" à une condition : la pizza doit avoir été "fabriquée et mangée en Italie".
La pizza aurait ainsi des effets bénéfiques sur le risque de cancer, en particulier des cancers digestifs, du sein, des ovaires et de la prostate et sur le risque d’infarctus du myocarde.
Des résultats à prendre avec des pincettes cependant, puisque moins que la pizza, ce serait surtout l’ensemble du régime méditerranéen - caractérisé par la consommation en abondance de fruits, de légumes, de céréales, de légumineuses et d’huile d’olive - qui pourrait jouer un rôle protecteur contre le cancer et les maladies cardiovasculaires, reconnaissaient le chercheur et ses collaborateurs dans les publications primées.
[1] "Thermal asymmetry of the human scrotum", Bengoufida et Mieusset, Human Reproduction, Volume 22, Issue 8, August 2007, Pages 2178–2182.
[2] "Does Pizza Protect Against Cancer?", Silvano Gallus, Cristina Bosetti, Eva Negri, Renato Talamini, Maurizio Montella, Ettore Conti, Silvia Franceschi, and Carlo La Vecchia, International Journal of Cancer, vol. 107, no. 2, November 1, 2003, pp. 283-284.
[3] "Pizza and Risk of Acute Myocardial Infarction", Silvano Gallus, A. Tavani, and C. La Vecchia, European Journal of Clinical Nutrition, vol. 58, no. 11, November 2004, pp. 1543-1546.
[4] "Pizza Consumption and the Risk of Breast, Ovarian and Prostate Cancer" Silvano Gallus, Renato Talamini, Cristina Bosetti, Eva Negri, Maurizio Montella, Silvia Franceschi, Attilio Giacosa, and Carlo La Vecchia, European Journal of Cancer Prevention, vol. 15, no. 1, February 2006, pp. 74-76.