La pénurie de cannabis thérapeutique met des patients en difficulté
L'usage médical du cannabis en expérimentation depuis 2 ans a été prolongé jusqu'en mars 2024. Certains fournisseurs font face à une rupture de stocks et ne peuvent plus approvisionner les patients.
Depuis plus de 30 ans Pascal lutte auprès de Dani contre sa sclérose en plaques. Ces derniers mois, un produit avait enfin apporté un peu de confort à Dani, le cannabidiol, le CBD.
Ce confort est aujourd’hui menacé par les ruptures de stocks liées à la prolongation de l’expérimentation de ce cannabis thérapeutique.
En attente des nouveaux stocks
"Voilà le CBD qui est bénéfique pour ma femme, il en reste un quart dans la bouteille à peu près, on doit diminuer les doses, parce qu’on ne peut plus avoir de produit", explique Pascal, mari de Dani.
La dose a été divisée par deux par son médecin pour essayer de tenir jusqu’à l’arrivée des nouveaux stocks. Un coup dur pour Dani qui voit ses terribles crampes repartir. Ses premières inquiétudes envers ce traitement avaient très vite disparu.
"Je n'ai jamais perdu la tête, je n'ai jamais vu d’éléphants roses et puis ça m'a fait du bien tout de suite, je revivais. C'est miraculeux ce traitement, il ne faut pas l’arrêter", confirme Dani, participante à l’expérimentation du cannabis thérapeutique.
Les bienfaits du cannabis thérapeutique
C’est la première fois qu’un traitement débarrassait Dani des terribles contractures provoquées par la sclérose en plaques. Une raideur éliminée chez presque tous les patients entrés dans l’expérimentation du cannabis thérapeutique avec le Pr Moreau.
"Il se trouve que le cannabis thérapeutique du fait des récepteurs cannabinoïdes, dans le système nerveux central, a cette capacité de diminuer la raideur. Il y a d'autres bénéfices comme baisser les douleurs, une amélioration du sommeil. C'est illogique de se priver de quelque chose qui peut rendre service au quotidien chez les malades particulièrement fragiles", confie le Pr Thibault Moreau, neurologue, CHU de Dijon.
Depuis le début de l’expérimentation, la pharmacie de l’hôpital avait aussi différentes formes de cannabis pour des patients aux douleurs mal soulagées par la morphine par exemple. Aujourd’hui, plusieurs de ces produits sont manquants.
91 % des participants satisfaits du traitement
"Certains patients ont pu aller en ville puisqu'il y a des magasins qui commercialisent du CBD, il n'y a pas de THC en ville. Certains patients connaissaient ces produits, ils les avaient consommés avant la mise en place de l'expérimentation par l'ANSM. Ils sont retournés vers ces produits qui, malheureusement, ne sont pas des produits avec une bonne qualité pharmaceutique et qui ont un coût pour les malades", explique le Dr Charlotte Malbranche, pharmacien hospitalier, CHU de Dijon.
Plus de 2 200 patients ont participé à l’expérimentation du cannabis thérapeutique depuis mars 2021. Ils sont 91 % à souhaiter que ce traitement soit normalisé.