L’anesthésiste Frédéric Péchier autorisé à exercer en tant que médecin
Le Dr Péchier, mis en examen pour 30 empoisonnements dont 12 mortels est de nouveau autorisé à pratiquer la médecine. Son exercice sera cependant soumis à plusieurs conditions.
Nouveau rebondissement dans l’affaire Frédéric Péchier. L'anesthésiste, mis en examen à Besançon pour 30 empoisonnements et dont le contrôle judiciaire lui interdisait d'exercer la médecine, pourra à nouveau la pratiquer, a annoncé la Cour d'appel de Besançon le 26 avril.
"Cette décision de la chambre de l'instruction vient infirmer l'ordonnance du juge d'instruction chargé de l'affaire qui interdisait au docteur Péchier d'exercer totalement la médecine" a indiqué à l'AFP Randal Schwerdorffer, l'avocat de M. Péchier.
Il lui est cependant interdit d'exercer "toute fonction médicale impliquant un contact physique avec le patient ou une prescription médicale" ainsi que de pratiquer son métier d'anesthésiste-réanimateur, selon un communiqué du parquet général de la cour d'appel de Besançon.
"En revanche, il est autorisé au docteur Péchier
d'exercer en tant que médecin conseil, notamment comme médecin
régulateur du Samu par exemple, voire comme médecin du sang", a précisé
Me Schwerdorffer.
Une suite de rebondissements
Le 11 janvier dernier, la chambre de l'instruction avait d'abord estimé qu'il pouvait exercer un activité médicale, à l'exception de celle d'anesthésiste-réanimateur. Puis, le 27 avril, le Dr Péchier s'était finalement vu notifier une interdiction d'exercer toute activité médicale.
L'avocat du médecin avait alors annoncé faire appel de cette décision devant la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon, dénonçant un "acharnement judiciaire pour empêcher le Dr Frédéric Péchier de retrouver un semblant d'existence".
En janvier, la cour d'appel de Besançon avait également "modifié le contrôle
judiciaire auquel" le docteur Péchier "est astreint depuis le 6 mars 2017, en
supprimant l'interdiction de paraître" dans le Doubs, département où
résident notamment ses enfants et où il pourra donc revenir, selon le parquet
général. Les autres modalités du contrôle judiciaire sont en revanche
"maintenues", notamment l'obligation "de fixer sa
résidence" dans la Vienne, où le Dr Péchier réside chez ses parents.
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"Suspicions fortes" d'empoisonnement
Le Dr Péchier est accusé d'avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients âgés de quatre à 80 ans pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit. Il a été mis en examen à Besançon pour 30 empoisonnements qu'il a toujours niés.
Après avoir gardé le silence durant les deux premiers interrogatoires, le Dr Péchier avait soutenu fin mars que la majorité des incidents survenus sur la table
d'opération résultaient d'"erreurs médicales" de ses confrères.
Dans la grande majorité des cas, les expertises ont conclu à des
"suspicions fortes" que des produits, comme de la lidocaïne, avaient été
administrés aux patients venus se faire opérer dans les deux cliniques
de Besançon où officiait le médecin. Sa présence au
moment où les patients étaient victimes d'arrêts cardiaques sur la table
d'opération a également été relevée par plusieurs de ses collègues
anesthésistes, désemparés devant les événements indésirables graves
(EIG) dont étaient subitement victimes leurs patients, auxquels le Dr Péchier venait administrer un antidote.