Le cancer de la vessie bientôt dépisté avec un test urinaire ?
Un simple test d'urine permettrait de détecter un cancer de la vessie à des stades très précoces. Cet espoir, apporté par les recherches d’une équipe lyonnaise, faciliterait aussi la vie de tous les patients suivis après une première opération.
Aujourd’hui, le principal outil pour faire le diagnostic et le suivi d’un cancer de la vessie, est une caméra, accompagnée d’une lumière à l’extrémité d’un fibroscope de quelques millimètres de diamètre. L’examen a lieu sous anesthésie locale.
Le cancer de la vessie a un fort risque de récidive. La surveillance exige de réaliser régulièrement cet examen après le premier traitement. Le Dr Vian participe à une recherche pour éviter d’insérer la caméra par l’urètre, la voie naturelle d’évacuation de l’urine.
"Ce fibroscope va explorer la vessie, on doit passer par l’urètre. Chez l’homme, l’urètre est très long, c’est quand même assez sensible et douloureux. Chez la femme, ça l’est également, même si l’urètre est un petit peu plus court. Cela reste un examen invasif. L’idée de notre recherche serait d’éviter, entre autres, d’avoir à faire subir à nos patients ces examens très répétés", explique le Dr Emmanuel Vian, chirurgien urologue.
Des cellules tumorales dans l'urine
Xavier fait partie des patients suivis dans le service qui ont accepté de participer à cette recherche. Il lui suffit de donner régulièrement des échantillons d’urine en parallèle des fibroscopies. Il aimerait un jour être débarrassé de l’examen avec caméra.
L’équipe espère effectivement obtenir le même résultat car elle a découvert que l’urine permettrait de suivre l’apparition de cellules cancéreuses à l’intérieur de la vessie. Des cellules dont ils ont trouvé une caractéristique précise, un biomarqueur.
"Quand il y a une tumeur de la vessie, l’urine est en contact proche et donc des cellules vont tomber dans l’urine, que l’on peut récupérer et ainsi mesurer le biomarqueur de ces cellules. L’idée est effectivement d’essayer de détecter le marqueur à des stades très précoces quand le cancer est très peu développé", confie Florence Le Calvez-Kelm, chef de projet Biomarqueur cancer de la vessie, au centre International de recherche sur le cancer (OMS).
10 ans avant les diagnostics cliniques
Pour confirmer cette piste, l'équipe a pu accéder aux prélèvements urinaires d’une étude internationale de 50 000 patients suivis pendant 14 ans. Parmi ceux qui ont développé un cancer de la vessie, le biomarqueur était parfois présent dans l’urine jusqu’à 10 ans avant le diagnostic.
L'espoir est de pouvoir dépister de façon précoce des populations qui sont plus à risque de développer ce type de cancer à savoir les fumeurs ou/et des professions à risques comme certaines industries chimiques ou pétrolières.
Ce dépistage augmenterait les chances de guérison des patients diagnostiqués à un stade très précoce.