Le virus Nipah peut-il être à l'origine d'une prochaine pandémie ?
Les autorités indiennes s'efforcent actuellement de contenir une épidémie de Nipah, un virus rare transmis des animaux aux humains et qui provoque notamment une forte fièvre avec un taux de mortalité élevé. Les explications du Dr Benjamin Davido, infectiologue.
Faut-il craindre une nouvelle épidémie mondiale, plus de trois ans après le début du Covid ? La situation en Inde, qui tente actuellement de contenir plusieurs cas de virus Nipah pour éviter une épidémie, pose question.
Le virus se transmet des animaux aux humains. Deux personnes sont décédées dans le sud de l'Inde, et quatre autres personnes sont positives à la maladie. Certaines écoles ont été fermées pour éviter la contamination, et le pays organise de larges campagnes de tests.
Qu'est-ce que le virus Nipah ?
La première épidémie de Nipah a été enregistrée en 1998 après que le virus s'est répandu parmi les éleveurs de porcs en Malaisie. Le virus porte le nom du village de ce pays d'Asie du Sud-Est où il a été découvert.
Les épidémies de ce virus sont rares, mais Nipah a été répertorié par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) - aux côtés d'Ebola, Zika et Covid-19 - comme l'une des nombreuses maladies méritant une recherche prioritaire en raison de leur potentiel à provoquer une épidémie mondiale.
Comment se transmet le virus ?
Nipah se transmet généralement aux humains par les animaux ou par des aliments contaminés, mais il peut également se transmettre directement entre humains. Les chauves-souris frugivores sont les porteuses naturelles du virus et ont été identifiées comme la cause la plus probable des épidémies suivantes.
Entre humains, la maladie se transmet comme le Covid, par gouttelettes ou par contact direct.
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Quels sont les antécédents du virus Nipah ?
La première épidémie de Nipah a tué plus de 100 personnes en Malaisie et entraîné l'abattage d'un million de porcs dans le but de contenir le virus. Elle s'est également propagée à Singapour, avec 11 cas et un décès parmi les travailleurs des abattoirs entrés en contact avec des porcs importés de Malaisie.
Depuis lors, la maladie a été principalement signalée au Bangladesh et en Inde, ces deux pays enregistrant leurs premières épidémies en 200. Le Bangladesh a été le plus durement touché ces dernières années, avec plus de 100 personnes décédées du Nipah depuis 2001. Deux épidémies en Inde ont tué plus de 50 personnes avant d'être placées sous contrôle.
Cette dernière épidémie de Nipah représente la quatrième vague au Kerala en cinq ans. Le virus a tué 17 personnes lors d’une première apparition en 2018.
Quels sont les symptômes ?
Dans un premier temps, les sujets infectés présentent des symptômes tels que de la fièvre, des céphalées, des myalgies (douleurs musculaires), des vomissements et des maux de gorge. Il peut ensuite apparaître des vertiges, de la somnolence, une altération de l’état de conscience et des signes neurologiques évocateurs d’une encéphalite aiguë.
Certains sujets peuvent aussi présenter une pneumonie atypique et des problèmes respiratoires sévères, y compris une insuffisance respiratoire aiguë. Dans les cas graves, on observe une encéphalite et des convulsions, qui évoluent vers le coma en 24 à 48 heures.
Faut-il craindre l'arrivée du virus en France ?
Si le virus rappelle les premiers cas de contamination au Covid en Asie, le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, se veut plutôt rassurant. "Contrairement au Covid, on connaît l'agent infectieux depuis 20 ans", dit-il. "Les épidémies font peur mais tant qu'elles restent localisées dans des pays qui ont l'habitude d'avoir des épidémies", il n'y a pas de quoi s'alerter en France, selon lui.
Pour autant, il faut surveiller la situation. L'important, selon le Dr Davido, est de "suivre le nombre de cas dans les pays concernés, et vérifier si d'autres pays qui n'ont pas ces agents infectieux deviennent touchés". En effet, même si la maladie "est très cruelle, elle a du mal à s'implémenter", poursuit le spécialiste. D'autant plus que les épidémies précédentes restaient dans des endroits très localisés.
Quel traitement contre le virus ?
"Il n’existe ni traitement, ni vaccin disponible, que ce soit pour l’homme ou l’animal. Chez l’homme, la prise en charge de la maladie repose essentiellement sur des soins de soutien", explique l'OMS.
Surtout, le virus est extrêmement létal : les patients connaissent un taux de mortalité compris entre 40 % et 75 %. "Ce chiffre peut néanmoins varier selon les flambées, en fonction des capacités locales de surveillance épidémiologique et de prise en charge clinique", précise l'OMS.