Les ophtalmos en grève contre le droit de prescription des orthoptistes
Un projet de loi de financement de la Sécurité sociale vise à autoriser les orthoptistes à prescrire lunettes et lentilles. Les ophtalmologistes, qui s'opposent à cette mesure, sont en grève jusqu’au 31 octobre.
Bientôt des soins visuels plus faciles d’accès pour les Français ? C’est en tout cas le souhait du gouvernement, avec l’article 40 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. Actuellement en examen à l’Assemblée nationale, cet article devrait permettre aux orthoptistes de prescrire en accès direct des lunettes et des lentilles.
Une décision que dénoncent les ophtalmologues. Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), principal syndicat de la profession, appelle tous les praticiens, ainsi que les internes de la spécialité, à cesser leur activité jusqu’au 31 octobre. Pour les oculistes, cette mesure risque de mettre en danger la santé des patients, les orthoptistes ayant un bac + 3 quand il faut environ dix années d’études pour devenir ophtalmologue.
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Réduire les inégalités d'accès aux soins visuels
Chargés de la rééducation des yeux, les orthoptistes s'occupent du dépistage et de la rééducation des problèmes de vision, comme le strabisme. Jusqu’à présent, ils étaient uniquement autorisés à renouveler, sous certaines conditions, les prescriptions de verres correcteurs et de lentilles de contact.
Objectif affiché par le gouvernement avec cette disposition : réduire drastiquement les inégalités d’accès aux consultations ophtalmologistes en France. Une récente étude de 60 millions de consommateurs a ainsi mis en avant le délai d’attente pour consulter un de ces spécialistes pouvant atteindre plus de 500 jours dans certaines villes.
Un "risque pour la santé visuelle des enfants et des adultes"
Les ophtalmologues arguent pourtant la réduction de ce délai depuis trois ans. Selon une étude SNOF-CSA d’octobre 2020, la durée moyenne d’obtention d'un rendez-vous était de 61 jours en 2020, soit une semaine de moins qu’en 2019.
Du côté des orthoptistes, les syndicats préviennent dans un communiqué que “renoncer à ce texte ou le modifier augmenterait le risque pour la santé visuelle des 4 millions d’enfants et de l’ensemble des adultes de 16 à 42 ans qui en sont privés”.
Les organisations d’orthoptistes estiment que la prescription en accès direct permettra l'accès aux soins et aux équipements optiques à tous les Français, "y compris dans les déserts médicaux".