Dépistage du cancer colorectal : les nouveaux tests bientôt disponibles
Ils étaient attendus depuis 2008 : les nouveaux tests de dépistage du cancer colorectal seront disponibles "au printemps 2015", ont confirmé les autorités de santé ce 26 février 2015 dans un communiqué. Cette nouvelle génération de tests immunologiques succédera au test Hemoccult®, pas assez fiable selon les gastro-entérologues. Les nouveaux dispositifs pourront désormais détecter de manière précoce huit cancers colorectaux sur dix.
Plus efficaces, plus simples et plus sensibles, les nouveaux tests de dépistage du cancer colorectal seront enfin commercialisés "dès le printemps 2015". Le 19 décembre, les autorités de santé avaient annoncé qu'une nouvelle étape avait été franchie dans la lutte contre ce cancer des voies digestives. En effet, les tests immunologiques détectent au moins deux fois plus de lésions précancéreuses colorectales que l'actuel test Hemoccult®.
Le ministère de la Santé répondait ainsi aux inquiétudes de La Ligue contre le Cancer, qui regrettait le 6 décembre de voir baisser les stocks d'Hemoccult®, alors que les nouveaux tests n'étaient toujours pas disponibles. Elle craignait à l'époque que ce manque de matériel ait un impact négatif sur le dépistage et la prise en charge du cancer colorectal. Face à cela, les autorités avaient alors annoncé qu'une décision serait prise avant Noël pour pallier la pénurie.
C'est désormais chose faite puisque la nouvelle génération de tests immunologiques sera mise sur le marché dès les prochaines semaines. La nouvelle a été confimée ce 26 février par la Direction générale de la santé (DGS), l'Institut National du Cancer (Inca), la Caisse nationale d'assurance maladie et l'Institut de veille sanitaire (InVS), par voie de communiqué.
Détecter deux fois plus de cancers
"Ces tests immunologiques permettent la détection de huit cancers sur dix, au lieu de quatre cancers sur dix pour le test Hemoccult®. Ils permettent aussi d'identifier quatre fois plus de lésions précancéreuses !" nous expliquait le professeur Laurent Beaugerie, président de la Société Nationale Française de Gastro-entérologie en janvier 2014. Pour le même prix, ils sont beaucoup plus sensibles à la présence de sang humain dans les selles, un des signes de lésions précancéreuses (polypes) dans le colon ou le rectum. Ils détectent aussi trois à quatre fois plus d'adénomes avancés (tumeurs bénignes colorectales) qu'Hemoccult®, selon l'Institut National du Cancer.
Autre point positif : l'autoprélèvement de selles est beaucoup moins contraignant qu'avant. Alors qu'Hemoccult® requérait six échantillons de selles, le test immunologique n'en demande plus qu'un. Une méthode moins désagréable donc, qui entend cibler plus de personnes... L'objectif européen serait que 45% des personnes à risques (les 50-74 ans) se fassent dépister, contre 31% avec Hemoccult®. Le test immunologique devrait être diffusé à 17 millions de Français, via leur médecin traitant. Lorsque les résultats du test sont positifs, le patient est orienté vers une coloscopie pour confirmer la présence de tumeur dans le tube digestif.
Une décision souhaitée depuis 2008
Dès 2008, la Haute Autorité de Santé avait recommandé le passage généralisé au test immunologique. "Il s'agissait de l'une des priorités du Plan cancer II [qui s'est achevé fin 2013]", avait rappelé le professeur Beaugerie. "Le secrétariat d'Etat à la Santé s'était engagé à ce que ces tests soient mis à disposition dès mars 2013". Ces recommandations faisaient suite aux contestations grandissantes des spécialistes, qui dénonçaient le manque d'efficacité d'Hemoccult®. L'Institut National du Cancer (INCa) rappelle que ce test n'a une sensibilité que de 50%. Néanmoins, il a permis de faire baisser de 30% la mortalité des personnes qui s'étaient faites dépister.
Avec la généralisation du test immunologique, c'est plus de 3.000 vies qui pourraient être épargnées. Dans 90% des cas, le cancer colorectal se soigne, mais uniquement s'il est pris à temps ! Or les symptômes mettent souvent plusieurs années à se manifester... Avec 42.000 cas découverts chaque année, le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France, tuant plus de 17.000 personnes par an.
Comment fonctionne le test immunologique ?
Le test repose sur la détection de traces de sang dans les selles, sous forme d'hémoglobine humaine. Pour cela, il est composé d'anticorps spécifiques à une partie de la globine humaine. Si ces anticorps réagissent, c'est qu'il y présence de globine humaine et donc de sang dans les selles. Ce test est d'ailleurs plus sensible puisqu'il ne cible que le sang humain, et non le sang animal issu de l'alimentation. Le sang dans les selles est l'un des signes de lésions précancéreuses, mais ce n'est pas le seul. Les résultats doivent toujours être confirmés par une coloscopie.