Exposition solaire : sauve qui peau !
L’été revient ! Le soleil bronze de nouveau nos épidermes… non sans danger. Retour sur la notion de capital solaire, sur les risques encourus en cas de coup de soleil et sur les moyens de prévenir et de dépister le principal cancer lié au soleil, le mélanome.
Le rayonnement Ultra Violet (UV) est un facteur de risque bien connu, mais encore trop souvent négligé. Ses conséquences vont du simple "coup de soleil", au mélanome, une tumeur maligne à fort potentiel métastatique qui se développe à partir des mélanocytes (cellules qui fabriquent la mélanine, responsable de la pigmentation de la peau).
Nous n'avons pas tous le même "capital solaire"
Le "capital solaire" désigne couramment la quantité totale de rayons ultra-violets (UV) que chaque individu peut recevoir au long de sa vie sans majorer son risque de développer des altérations cutanées (du coup de soleil aux kératoses), ou un mélanome (voir encadré).
Ce capital varie d’un individu à l’autre, en fonction de ses antécédents en termes de durée et d’intensité d’exposition solaire, mais également en fonction de caractéristiques générales de la peau. Plus notre peau (et nos yeux) sont clairs, plus nos taches de rousseurs sont nombreuses, et moins notre peau peut supporter une exposition prolongée au soleil (on parle d’un "phototype" clair ou foncé).
D’autres indices incitent également à plus de vigilance, tels des grains de beauté larges (> 5mm de diamètre), irréguliers, ou en nombre important sur l’ensemble du corps (plus d’une quarantaine).
Le mélanome est une tumeur maligne, susceptible de métastaser, qui se développe à partir des cellules qui fabriquent la mélanine (les mélanocytes, responsables de la pigmentation de la peau).
Trois réflexes simples à adopter
Réflexe n°1 – Quel que soit votre phototype, il convient d’appliquer un écran solaire d’indice adapté à la teinte de votre peau et à l’ensoleillement, de renouveler toutes les 2 heures, en quantité suffisante : pour un adulte, le volume a appliquer sur l’ensemble du corps et du visage est de l’ordre de 30 millilitres (l’équivalent de deux cuillères à soupe, ou de deux fois le creux de la main).
Réflexe n°2 – Cherchez l’ombre ! Sur les plages de métropole, évitez typiquement de vous exposer entre 12 et 16 heures. Portez des vêtements longs, chapeaux et lunettes de soleil.
Attention : les rayons UV passent au travers des nuages… Ce n’est donc pas parce que le ciel est couvert qu’il faut négliger ces précautions. D’après une étude néozélandaise [1], le rayonnement UV extérieur sous-estimé ferait de nombreuse victimes sans même que l’exposition n'ait été recherchée, lors d’activités de plein air par exemple.
Réflexe n°3 – Tous ces conseils s’appliquent également aux enfants… Pensez à les protéger !
En préparation au bronzage, sachez que les compléments alimentaires sont très controversés [2]. Ne tombez pas dans le piège des cabines de bronzage à UV qui ont fait la preuve de leur dangerosité.
Peut-on se fier à la crème solaire ?
En stick, lotion, crème ou spray, colorée ou invisible, avec ou sans parfum, et même waterproof, les produits de protection solaire vendus en grande surface, pharmacie ou en parfumerie sont des produits cosmétiques (au sens de la réglementation française et européenne) destinés à lutter contre les effets d’une surexposition aux rayonnements UVB et UVA.
L’ANSM, dans un rapport d’enquête datant de 2010, jugeait l’efficacité de ces produits "globalement satisfaisante". L’association UFC Que Choisir corrobore ces conclusions en affirmant que les crèmes solaires assurent, dans leur majorité, le niveau de protection indiqué sur l’emballage. Elle rappelle cependant qu’aucun produit ne protège à 100 % des effets nocifs du soleil.
La réglementation a permis de classer les produits de protection solaire en quatre catégories de protection et huit indices, appelés FPS (facteur de protection solaire). Entre 6 et 10, la protection est dite "faible" ; entre 15 et 25 elle est dite "moyenne", "haute" entre 30 et 50, tandis qu’à 50+, c’est la "très haute protection".
Souvenez-vous que l’indice doit être non seulement adapté à votre type de peau (plus votre phototype est clair plus l’indice de protection devra être élevé), mais également à l’intensité du rayonnement UV auquel vous vous exposez (selon l’horaire ou la latitude à laquelle vous vous trouvez).
Danger n°1 : le cancer de la peau
Les complications cutanées induites par le soleil sont multiples. Au-delà des dyskératoses et autres taches en relief disgracieuses mais bénignes, on distingue deux grandes classes de cancers : les carcinomes et les mélanomes. Le mélanome est le plus connu car c’est le plus grave des cancers de la peau de par sa forte capacité à métastaser. D’après la HAS, aucune catégorie d’âge n’est épargnée. On gagne donc à le dépister tôt pour une survie optimale.
80% des cancers de la peau sont dus à une exposition excessive au soleil, surtout pendant l'enfance et 90% des cancers de la peau peuvent être guéris s'ils sont détectés tôt.
En France, les statistiques épidémiologiques disponibles de 2018 plus de 100 000 nouveaux cas de cancer de la peau par an, dont environ 10% de mélanomes. En 2023, l'Institut national du cancer compte 17 922 nouveaux cas de mélanomes (9 109 hommes et 8 813 femmes) et 1 980 décès (1 140 hommes et 840 femmes).
Les carcinomes, plus fréquents, sont des cancers de la peau également dus à une exposition excessive au soleil. Ils sont généralement facilement guérissables mais certains d’entre eux, les "carcinomes épidermoïdes", peuvent entraîner des lésions à distance (métastases) s’ils ne sont pas retirés à temps.
Après avoir imputé la responsabilité de l’apparition des cancers de la peau aux UVB, les études scientifiques ont depuis largement incriminé les rayonnements UV dans leur ensemble, et de facto les UVA auxquels s'exposent les utilisateurs des cabines de bronzage.
Sauvez (littéralement) votre peau : protégez-vous !
Surveiller ses grains de beauté toute l'année
Ces conseils "de saison" ne doivent pas éclipser une vigilance nécessaire tout au long de l'année. La Haute Autorité de Santé encourage à la surveillance des grains de beauté à l’aide de 5 critères simples de description : ABCDE. Un grain de beauté :
· Asymétrique,
· aux Bords irréguliers,
· à la Couleur non-homogène,
· d’un Diamètre supérieur à 6 mm
· ou à l’Évolution rapide
doit rapidement conduire à une consultation médicale. Au moindre doute n’hésitez pas à demander l’aide de votre médecin généraliste, qui vous adressera à son confrère dermatologue spécialiste en cas de besoin.
Notes et références
[1] G.H.F McLeod et al. Unintended Sunburn: A Potential Target for Sun Protection Messages. J Skin Cancer. 2017;2017:6902942. doi:10.1155/2017/6902942
[2] EFSA Panel on Food Additives and Nutrient Sources added to Food (ANS). Statement on the safety of β-carotene use in heavy smokers: Statement of the safety of β-carotene use in heavy smokers. EFSA J. déc 2012;10(12):2953. doi:10.2903/j.efsa.2012.2953