Cancer du col de l’utérus : deux types de papillomavirus ont bien décliné depuis la vaccination
Le nombre d’infections aux papillomavirus (HPV) 16 et 18 impliqués dans le cancer du col de l’utérus a diminué au cours des dernières années. Cette baisse coïncide avec la mise en place de la vaccination anti HPV.
À eux seuls, les papillomavirus 16 et 18 sont impliqués dans environ 70% des cancers du col de l’utérus. Ces deux types de papillomavirus humains (ou HPV) sont visés par le vaccin (Gardasil® ou Cervarix® en France) depuis 2006. Les campagnes de vaccination ont-elles porté leur fruit ? Des chercheurs des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, États-Unis) se sont posés la question. Dans l’étude qu’ils publient le 21 février 2019 dans le journal Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention, ils confirment que la part des lésions précancéreuses du col de l’utérus liées aux HPV 16 et 18 a diminué entre 2008 et 2014.
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22% de lésions dues aux HPV 16 et 18 en moins chez les femmes vaccinées
Pour mener ces travaux, les scientifiques ont analysé 10 206 échantillons récoltés entre 2008 et 2014 sur des femmes âgées de 18 à 39 ans chez lesquelles des lésions précancéreuses avaient été diagnostiquées. Pour tous ces échantillons, ils ont testé la présence de 37 types de HPV puis ont analysé la proportion et le nombre estimé de cas de lésions par type de HPV au cours du temps.
Résultat : le nombre de cas de lésions précancéreuses positives au HPV 16 ou 18 est passé de 52,7% des cas totaux en 2008 à 44,1% des cas en 2014, soit une chute de 8,6%.
Parmi les femmes vaccinées, la proportion de cas de lésions précancéreuses positives au HPV 16 ou 18 a diminué de 55,2% à 33,3% soit près de 22%.
Cette baisse s'observe aussi chez les femmes non vaccinées, mais dans une moindre mesure : ce pourcentage passe en effet de 51 à 47,3%.
Une "immunauté de groupe" chez les non-vaccinées
Les femmes vaccinées et positives au HPV 16 ou 18 avaient probablement, selon les auteurs de l’étude, été contaminées par ce type de virus avant leur vaccination. Car la majorité de ces participantes a été vacciné au début de leur vingtaine, après le début de leur vie sexuelle.
Les chercheurs expliquent par ailleurs la baisse de cas liés aux HPV 16 et 18 chez les femmes non-vaccinées par "l’immunité de groupe" : celle-ci se produit quand une proportion significative de la population développe une immunité à une maladie infectieuse suffisamment pour en diminuer sa propagation.
Vaccination et dépistage pour éradiquer le cancer du col de l’utérus
Face à ces résultats prometteurs, les chercheurs recommandent donc la vaccination pour tous les pré-adolescents entre 11 et 12 ans aux États-Unis, filles comme garçons. Car si ces derniers ne sont pas directement concernés par le cancer du col de l’utérus, ils peuvent toutefois être vecteur de HPV liés au cancer et contaminer leurs partenaires non vaccinées.
Et selon les résultats d’une étude publiée dans The Lancet Oncology le 19 février 2019, le cancer du col de l’utérus pourrait être éradiqué en quelques décennies grâce à l’action combinée de la vaccination et du dépistage par frottis du col de l’utérus.