Dépister le cancer du col de l’utérus grâce à un algorithme
Une équipe de chercheurs a mis en place un algorithme capable de détecter les pré-cancers du col de l’utérus.
Quatrième cancer le plus fréquent dans le monde, le cancer du col de l’utérus a touché 570 000 femmes en 2018 selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Les progrès du dépistage, ainsi que les campagnes de vaccination contre les papillomavirus (liés à ces cancers), ont permis de réduire la mortalité liée à cette maladie. Cette nouvelle méthode permet d'améliorer les techniques de dépistage.
Un robot pour dépister le pré-cancer
L'intelligence artificielle pourrait s'avérer bien plus précise que les humains et les examens traditionnels pour détecter les pré-cancers du col de l'utérus. Des chercheurs américains ont mis en place une nouvelle méthode de dépistage de la maladie.
"Nous essayons de trouver des méthodes extrêmement abordables et faciles, mais très précises, afin d'attaquer le cancer par le vaccin ou par des techniques simples, par un smartphone par exemple", explique Mark Schiffman, médecin à l’Institut national du cancer près de Washington. Depuis 35 ans, il travaille contre ce cancer, et a dirigé l’équipe de recherche.
A partir d’une archive de 60 000 images de col de l’utérus, prises au Costa Rica dans les années 1990, l’équipe a développé un algorithme. Au total, 9.400 femmes ont participé et ont été suivies pendant plusieurs années, certaines pendant 18 ans. Cela a permis de relier chaque cancer apparu parmi les femmes de la cohorte à l'image du col avant l'apparition de la maladie. Une fois entraîné sur cette base d'images, l'algorithme a détecté visuellement des cellules précancéreuses dans 91% des cas, selon l'étude publiée dans la revue du National Cancer Institute.
”Bien plus précis que des humains examinant l’image”
Un expert humain parvient à détecter 69% des cas, contre 71% pour des examens conventionnels, comme le frottis cervical. Des pourcentages bien plus faibles que celui de l’algorithme. "C'était bien plus précis que des humains examinant les mêmes images. Bien plus précis que moi-même", assure Mark Schiffman.
L’objectif est de développer la technologie dans les trois ou cinq prochaines années et de réaliser plus d'essais cliniques. A terme, des personnels soignants pourraient procéder à du dépistage sans formation, simplement en prenant une photo qui sera analysée par l'algorithme.
”Une maladie de la pauvreté“
Si, dans les pays riches, les progrès du dépistage et des campagnes de vaccination contre les papillomavirus ont réduit la mortalité, ces avancées bénéficient moins aux pays pauvres, qui concentraient 90% des décès en 2012, selon l'OMS.
"Le cancer du col de l'utérus est désormais une maladie de la pauvreté", affirme le médecin. Cette nouvelle méthode dépistage permet de disposer d'un outil potentiellement utilisable partout, et qui ne sacrifie pas la qualité scientifique".