Un nouveau gène identifié dans les cancers du sein très agressifs
Des chercheurs australiens ont identifié un gène impliqué dans les cancers du sein très agressifs et souvent mortels. Cette découverte ouvre la voie à de nouveaux traitements qui amélioreraient le pronostic de ces cancers.
Un nouvel espoir dans la lutte contre le cancer du sein. Des chercheurs australiens de l’institut Harry Perkins à l’université de Perth ont découvert un gène impliqué dans un type de cancer du sein particulièrement agressif et particulièrement mortel. Ils détaillent leur découverte dans la revue Nature Communications le 26 mars 2021.
Plus gros, plus agressifs, plus mortels
Dans cette étude, l’équipe de chercheurs s’est penchée sur un groupe de cancers du sein dits hormono-dépendants, c’est-à-dire pour lesquels les hormones jouent un rôle dans la prolifération des cellules cancéreuses.
Ce groupe de cancers non identifiés étaient plus gros, particulièrement agressifs, se propageaient plus fréquemment aux ganglions lymphatiques, résistaient généralement aux traitements et présentaient un taux de mortalité élevé puisque la moitié des patientes atteintes en décédait.
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Le rôle de la protéine AAMDC
Des caractéristiques étonnantes, car les cancers du sein hormono-dépendants ont généralement de bonnes chances de survie et répondent bien aux traitements anticancéreux hormonaux.
Pour comprendre ce groupe de cancers, les chercheurs ont donc examiné les données de milliers de cancers du sein. Et ils ont découvert que ces cancers agressifs présentaient tous un gène particulier, utilisé pour fabriquer une protéine appelée AAMDC à des niveaux supérieurs à la normale.
Multiplication des cellules cancéreuses
Mais quels rôles joue cette protéine ? D’abord, elle déclenche la croissance de la tumeur en favorisant la multiplication des cellules cancéreuses.
Et ce n’est pas tout : elle protègerait les cellules cancéreuses de l’action des traitements hormonaux anticancéreux, empêchant ainsi la guérison des cancers.
Quand les cellules cancéreuses sont soumises au stress du traitement, la protéine AAMDC les rend "plus adaptables", explique la docteure Pilar Blancafort, responsable du groupe épigénétique du cancer à l’institut Harry Perkins et co-autrice de l’étude dans un communiqué de l’université.
"Kit de survie" de la tumeur
"Habituellement, le fait de priver d'œstrogènes les cancers du sein hormono-dépendants (par les traitements anticancéreux hormonaux, ndlr) les fait régresser" rappelle la spécialiste. Mais pour ce type de cancer, c'est l'inverse : la privation d'œstrogènes "déclenche un signal qui provoque la croissance de la tumeur".
Autrement dit, la protéine AAMDC agit comme un "kit de survie", permettant aux tumeurs de s’adapter à ces conditions de stress en favorisant la croissance et la multiplication des cellules cancéreuses.
Identifier pour mieux les traiter
A quoi va servir cette découverte ? Dans un premier temps à identifier ce type de cancers agressifs en recherchant des niveaux élevés de protéine AAMDC dans les cellules cancéreuses.
Puis, dans un second temps d’adapter le traitement. Plus question d’administrer un anticancéreux hormonal classique, qui risque d’agir à contre-sens en faisant grossir la tumeur. Il faut désormais mettre au point des traitements qui bloquent l’action de la protéine AAMDC, suggèrent les chercheurs.
Une fois ce médicament utilisé, "nous pourrions être en mesure de tuer directement les cellules cancéreuses et de restaurer leur sensibilité aux traitements hormonaux habituels", espère enfin Pilar Blancafort.