Cancer : une prise en charge difficile à domicile
Le manque de communication entre l'hôpital et les généralistes dans la prise en charge des patients à domicile est pointé du doigt.
A l’occasion des Rencontres de la Cancérologie Française 2017, qui se dérouleront à Paris les 21 et 22 novembre, une enquête a été menée en ligne auprès de médecins généralistes (167 répondants). Elle pointe le manque de lien entre l'hôpital et les praticiens de ville. 80% des sondés "estiment que la communication entre professionnels pourrait être améliorée en étant informé de l’état de santé de son patient dès la sortie de l’hôpital et du protocole de soins".
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Absence de communication entre le généraliste et l'hôpital
Que le généraliste, qui découvre souvent le cancer, soit au courant de la fin d'hospitalisation du malade paraît évident. Mais c'est loin d'être la norme, comme l'explique le Dr Richard Handschuh, dont le cabinet se situe dans le 20e arrondissement de Paris : "On n'arrive pas à rester en contact avec l'hôpital. Aller à la pêche aux informations nous demande du travail et de l’énergie. Le cadre HAD nous exclut le plus souvent."
Le constat est partagé par le Dr Claude Leicher, président du syndicat MG-France, qui recommande l’extension de l’usage des nouveaux modes de communication : "Il faut faire la promotion des messageries sécurisées. Avec ces systèmes on est parfois au courant en avance de la sortie du patient, ce qui est une petite révolution." Sans courrier, il est toujours possible de respecter le secret médical… et de gagner du temps.
Des consultations plus longues sont nécessaires
Car les couacs de communication ne sont pas les seuls soucis des généralistes. Prendre en charge des personnes atteintes de cancer est très chronophage. 62% des répondants assurent manquer de temps pour suivre ces patients. "Le malade a besoin de son médecin traitant, pour comprendre ce qui lui arrive, pour servir d’interface entre les différents intervenants", justifie le Dr Handschuh.
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Ces démarches allongent le temps de consultation, qui peut encore être multiplié si le médecin doit se déplacer. Depuis près de 30 ans qu’il est installé dans son cabinet, le Dr Handschuh a toujours réservé une partie de son planning pour les visites à domicile. Un travail en plus, qui nécessite une bonne coordination avec les infirmiers, notamment, pour se rencontrer chez le patient.
Les consultations "très complexes" mieux rémunérées
Pour faire face à ce souci de temps, plusieurs pistes sont envisagées. La compensation des médecins a par exemple été en partie augmentée. Depuis le 1er novembre, les consultations dites "très complexes", comprenant notamment l’annonce du diagnostic de cancer et la mise en place du protocole thérapeutique, sont facturées 60 euros. La mesure ne s’applique qu’à une seule visite mais constitue un premier pas vers une rémunération adaptée.
La relation avec les autres praticiens est également en cours de perfectionnement selon le président de MG-France : "Il existe aujourd’hui 200 Communautés professionnelles territoriales de santé", se réjouit le Dr Leicher. Ces CPTS ont été instituées en 2016 pour "faire en sorte que tous les médecins d’un territoire aient un travail avec l’hôpital plus poussé, plus protocolisé", détaille-t-il. Le dirigeant de MG-France encourage désormais la généralisation des CPTS dans tout l’Hexagone, histoire de "fluidifier le passage des patients de la ville à l’hôpital, et de l’hôpital à la ville".