Et si le cancer avait une odeur...
Elle en est certaine, c'est grâce au changement soudain de comportement de son labrador, que son cancer du sein a été diagnostiqué. Cette histoire anecdotique, relayée dans plusieurs médias, n'est pas la première du genre, mais qu'en est-il réellement ? Les chiens sont-ils doués d'un odorat capable de détecter les cancers chez l'homme ?
"Il me sautait dessus, sentait mon haleine, grattait ma poitrine", explique la sexagénaire originaire du Royaume-Uni. Deux semaines après s'être décidée à consulter son médecin et à la suite d'une mammographie suivie d'une biopsie, les résultats tombent : la patiente est atteinte d'un cancer du sein droit à un stade précoce. Son chien est un héros ! Peut-être... mais scientifiquement parlant, dans ce cas, rien ne le prouve.
Au-delà de ce témoignage émouvant, les chiens - leur odorat notamment, très développé - demeurent toutefois un objet d'étude pour les chercheurs qui tentent d'identifier l'odeur de certains cancers à l'aide de chiens renifleurs.
L'odeur comme marqueur de certains cancers ?
Depuis 2004, de nombreuses études scientifiques affirment que des composés volatiles organiques de cancers sont excrétés dans les urines ainsi que dans l'air expiré à un stade précoce de la maladie. Lors du développement des cellules tumorales, des processus d'oxydation de protéines de la membrane cellulaire produisent des molécules volatiles, dont l'odeur serait détectable dans l'environnement cellulaire.
En mars 2015, des chercheurs américains démontraient la capacité d'un berger allemand, dressé pour l'occasion, à distinguer des échantillons d'urine de personnes atteintes de cancers de la thyroïde, d'autres échantillons de tumeurs bénignes ou normaux. Une étude menée en 2014, par le Dr Gianluigi Taverna de l'Humanitas Research de l'Hôpital de Milan (Italie), a inclus 902 participants dont 362 hommes ayant un cancer de la prostate. Selon les conclusions de cette étude, des chiens renifeurs, anciennement spécialisés en détection d'explosifs, ont détecté correctement les patients malades dans 98% des cas. En France, une équipe de l’hôpital Tenon, à Paris, a utilisé également l’odorat d’un chien spécialement dressé pour détecter les cellules cancéreuses.
Plusieurs études sont en cours afin d'appuyer la réalité de ces découvertes et les étendre à d'autres cancers, mais les résultats actuels offrent déjà des preuves statistiques solides.
Un nez artificiel s'inspirant des chiens renifleurs
Les recherches sont en cours afin de déceler '"l'odeur de chaque cancer" grâce aux chiens, dans le but de créer des machines de détection. L'institut israélien Technion est en phase de test pour un "nez artificiel", dispositif électronique capable de détecter dans l'haleine la présence de différents cancers avec une fiabilité de 95%, comparable aux chiens renifleurs.
Cette méthode de dépistage originale pourrait s'avérait fiable, non invasive et peu coûteuse, mais ne pourrait en aucun cas remplacer les techniques actuelles de diagnostic du cancer.